1997
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Jean Grangé, « Le poids des campagnes au Sénat. Effets et problèmes de la surreprésentation rurale », Économie rurale, ID : 10.3406/ecoru.1997.4839
Trois éléments du système d'élection des sénateurs concourent à dévoyer le suffrage indirect en un prisme déformant du corps électoral qui privilégie considérablement les milieux ruraux : la prépondérance absolue des communes au sein des collèges électoraux; l'inégalité de représentation des populations rurale et urbaine qui altère profondément l'image sociologique de plus des trois quarts des départements; le scrutin majoritaire dans les départements les plus ruraux où la majorité rurale bénéficie ainsi d'une quasi-exclusivité. Il en résulte une distorsion constante et à sens unique de la représentativité politique du Sénat, qui ne favorise guère l'exercice de sa mission de régulation et provoque même parfois de graves dysfonctionnements du bicamérisme. La logique de l'institution sénatoriale conduirait au contraire à rechercher un système représentatif plus équilibré et de type pluralitaire qui assurerait le droit d'expression des diverses composantes territoriales et du monde rural, et qui serait mieux adapté à la fonction spécifique du Sénat tout en maintenant son caractère distinctif : le lien particulier entre les sénateurs et le terroir.