2015
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Manon Bajard et al., « Reconstitution de l’évolution du paysage du lac de La Thuile (Massif des Bauges, Savoie) durant l’Holocène. Mise en évidence d’une domination des processus érosifs liés à l’homme à l’étage montagnard », Collection EDYTEM. Cahiers de géographie, ID : 10.3406/edyte.2015.1349
Le lac de La Thuile dans les préalpes du nord (874 m) fournit une séquence sédimentaire de 18 m de long. L’analyse multi-proxies haute résolution des 6,2 premiers mètres de sédiment incluant des données sédimentaires, palynologiques et géochimiques, associées à une chronologie bien établie, documente l’évolution holocène de l’érosion dans le bassin versant et les modifications du paysage. Le bassin versant est suffisamment déconnecté des grandes plaines pour capturer un signal sédimentaire spécifique à ce milieu. De 12 à 4,5 ka cal. BP, la végétation se développe avec l’apparition de feuillus alors que l’érosion diminue à la suite de la transition Tardiglaciaire-Holocène. La forêt devient plus dense, stabilise les pentes et empêche l’érosion des sols qui se développent en s’acidifiant. Une première phase érosive est initiée vers 4,5 ka cal. BP. Le paysage change avec le développement de la hêtraie-sapinière. Les taxons anthropiques font leur apparition autour de 3 000 cal. BP. Deux autres phases érosives sont à mettre en relation avec l’ouverture du milieu par les activités humaines : à partir de 2,5 ka cal. BP, à la fin de l’âge du Bronze et pendant la période Romaine, et après 1,6 ka cal. BP avec le Moyen-âge. Elles engendrent un rajeunissement et une recarbonatation des sols. L’érosion plus faible produite durant le Petit âge Glaciaire suggère que les activités anthropiques dominent les processus liés à l’érosion et masquent complètement l’impact du climat sur l’érosion à cette altitude.