Pour en finir avec la « transe » et l’« extase » dans l'étude du chamanisme

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1995

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Roberte Hamayon, « Pour en finir avec la « transe » et l’« extase » dans l'étude du chamanisme », Études mongoles et sibériennes, centrasiatiques et tibétaines (documents), ID : 10.3406/emong.1995.1069


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Résumé En Fr

The terms “trance” and “ecstasy” are used in many definitions of shamanism to mean both a culturally defined form of behaviour and an alleged specific correlative physical and mental state. In fact, however, there is no evidence for this correlation. According to the symbolic representations of shamanistic societies, the shaman’s ritual behaviour is both the means and the proof of his having direct contact with the spirits. Hence its functional behaviour that follows a prescribed pattern and its apparently extravagant look can be accounted for by reference to symbolic representations. The use of the word “trance” to describe the shaman’s behaviour, associate as it is with a specific physical and psychic state, has given Western religions an excuse to condemn this type of behaviour, the associated state being considered in the 17th and 18th centuries as wild and devilish, and later, as pathological. What is in fact condemned is the assumption implicit in shamanism, i.e. that man and the spirits are similar in essence and status, a hypothesis which is unacceptable to ideologies based on divine transcendence. The idealized view of “trance” that is fashionable nowadays also results from Western distortion.

Les termes de « transe » et d’« extase » figurent dans maintes définitions du chamanisme. Ils s’appliquent à un type de conduite culturellement défini, ainsi qu’à des états physique et psychique supposés associés à cette conduite. En fait, rien ne prouve l’existence d’un lien nécessaire entre cette conduite et ces états. Selon les représentations des sociétés chamanistes, la conduite rituelle du chamane est le moyen et la preuve de son entrée en contact direct avec les esprits. En la manifestant le chamane ne fait donc que se conformer au modèle prescrit pour sa fonction. Quant à l’étrangeté apparente de cette conduite, elle a sa raison d’être dans le système de représentations. L’association, dans le terme de « transe », d’états physique et psychique spécifiques à un type de conduite rituelle, a en fait permis aux religions occidentales de condamner ce genre de conduite, l’état associé étant défini aux XVIIe et XVIIIe siècles comme sauvage et diabolique, plus tard comme pathologique. Ce qui est en fait condamné est la vue du monde sous-jacente, selon laquelle l’homme et les esprits sont semblables en essence et équivalents en statut, conception inacceptable pour les idéologies fondées sur la transcendance divine. La vision idéalisée de la transe en vogue aujourd’hui est aussi le fruit de distorsions occidentales.

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