Régime impérial/régime soviétique : ni rupture ni continuité

Résumé En Fr

At the end of 1920s, the identification of Soviet power with the power of the Antichrist was at work in the Soviet countryside. This metaphor excludes such a categories as discontinuity (since the 17th century, almost each Tsar has been identified with Antichrist) and continuity (in the 1920s, it is the regime which is thus identified). In a back and forth movement between concrete data and theoretical reflection founded on contemporary hermeneutics (Gadamer, Ricœur, Koselleck), this article offers a new approach to the Soviet political regime, while arguing that continuity and discontinuity have not heuristic capacity, and invites to take in consideration the complex temporal structure of change in history, which is expressed in the présentification of the future and the past.

 la fin des années 1920, une accusation parcourt le monde rural en l'URSS : le pouvoir soviétique est celui de l' Antéchrist. Dans ce discours, l'interprétation du régime exclue à la fois les catégories de rupture (depuis le XVIIe siècle la contestation populaire accusait les tsars d'être l'incarnation de l'Antéchrist) et de continuité (au XXe siècle, c'est le type de pouvoir qui est mis en cause). Dans un va-et-vient entre le matériel empirique de l'histoire russe et la réflexion théorique s' appuyant sur l'herméneutique contemporaine (Gadamer, Ricœur, Koselleck), cet article suggère une nouvelle approche du régime politique soviétique, postule l'absence de capacité heuristique des catégories rupture et continuité et propose de respecter la structure temporelle complexe des changements qui s'exprime dans la présentification du futur et du passé.