1968
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Solange Hémery et al., « La situation démographique en 1966 », Economie et Statistique, ID : 10.3406/estat.1968.8841
Le fléchissement de la fécondité, amorcé dès le milieu de l'année 1964 (— 0,5 % à — 1 % entre 1963 et 1964), plus marqué en 1965 (— 2 % à — 3 % entre 1964 et 1965), s'est prolongé en 1966 où la diminution constatée est de 1,5 % à 2,5 % par rapport à 1965. Si l'on en juge par le nombre de naissances enregistrées au cours des trois premiers trimestres, il s'est encore accentué en 1967, la baisse devant très vraisemblablement atteindre 5 % à 6 % par rapport à 1966. C'est donc, au total, une réduction de 10 % au moins qu'on enregistrera en 1967 par rapport à 1963. La fécondité par âge qui n'avait baissé qu'à partir de 25 ans en 1964 et à partir de 20 ans en 1965, a diminué à tous les âges en 1966, cette diminution atteignant en moyenne 2,4 % par rapport à 1965. C'est parmi les couples ayant déjà 2 ou 3 enfants que la baisse de la fécondité — d'environ 5 % entre 1964 et 1965 et 3 % entre 1965 et 1966 — a été la plus marquée. La nuptialité, en augmentation assez régulière au cours de la période 1955-1964, a elle aussi diminué : d'un peu moins de 4 % entre 1964 et 1965 et de 7 % entre 1965 et 1966. Cette baisse est plus forte au delà de 20 ans, sauf en 1966 où elle a pratiquement la même importance à chaque âge. Alors que le nombre de divorces prononcés était resté stable de 1953 à 1963, l'augmentation observée en 1964 et 1965 s'est poursuivie en 1966 où on compte 320 divorces pour 100.000 femmes mariées contre 282 pour la période 1960-1963. En l'absence de forte épidémie de grippe et de grands froids, comme ce fut le cas en 1965, la mortalité a été peu élevée en 1966. On a compté, en effet, 525.500 décès ce qui correspond au taux brut le plus faible jamais enregistré en France : 10,6 décès pour 1.000 habitants. La mortalité infantile, qui diminuait en valeur relative, de 6 à 7 % par an depuis la dernière guerre, a marqué un palier comme en 1961-1963 : le taux enregistré en 1966 est de 21,7 décès d'enfants de moins d'un an pour 1.000 nés vivants contre 21,9 ‰ l'année précédente. En raison du faible nombre de décès, l'accroissement naturel a été, en 1966, légèrement supérieur à celui de 1965 (+ 335.000 contre + 322.000) ; il représente deux tiers de l'accroissement total de la population au cours de l'année, l'immigration étrangère intervenant pour le troisième tiers. Le solde migratoire des Algériens, positif en 1966 alors qu'il était négatif en 1965, compense la diminution en 1966 du solde des immigrants d'autres nationalités. Au total, la population de la France a augmenté de 1 % au cours de l'année 1966. Comptant 49.650.000 habitants au 1er janvier 1967, elle a atteint, on le sait, le seuil des 50 millions d'habitants en septembre dernier. L'arrivée à l'âge du mariage des générations nombreuses nées après la dernière guerre, devrait entraîner dans un avenir proche, malgré la baisse de la fécondité et de la nuptialité, une augmentation assez substantielle du nombre des mariages et des naissances.