1969
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Michel Aglietta et al., « Un outil du Plan : le modèle Fifi », Economie et Statistique, ID : 10.3406/estat.1969.2176
Fifi constitue un modèle réduit de l'économie tout entière. Il en simule les interdépendances. Il permet d'étudier sur maquette les avenirs possibles, et les effets des diverses politiques économiques qui peuvent être imaginées dans le cadre de la préparation du VI* Plan. C'est un modèle de grande taille, entièrement formalisé et résolu sur ordinateur. La première partie de l'article montre comment la maquette s'efforce de représenter le plus fidèlement possible l'économie française. Fondé sur la représentation schématique du système économique fournie par la comptabilité nationale, Fifi privilégie les agents plutôt que les fonctions. Il traite les ménages et les entreprises comme des centres de décisions autonomes déterminant prix, production et investissements, consommation et épargne selon un comportement unitaire. Cette méthode exige un certain degré de détail (les entreprises sont décomposées en sept secteurs d'activité) afin de tenir compte des différences de situations provoquées par l'ouverture de l'économie française sur l'extérieur: dans les secteurs où la concurrence étrangère est nulle ou faible, la production dépend de la demande; dans les secteurs où la concurrence étrangère est forte, elle est déterminée essentiellement par la compétitivité des entreprises nationales. Le découpage offre également la possibilité d'étudier des politiques économiques variées et nuancées : régulation de la demande, politique du logement, fiscalité globale ou sélective, politique des prix, des revenus, des transports, des tarifs publics, aménagement des circuits financiers. La seconde partie de l'article montre comment le modèle tient compte de l'incertitude qui caractérise l'avenir. Face aux aléas afférents à l'environnement international et aux conditions de la croissance, il permet d'étudier comment l'État peut mettre en œuvre des politiques conditionnelles capables de sauvegarder des orientations privilégiées telles que l'équilibre de la balance des paiements, le plein emploi, la croissance. Mais une telle stratégie s'avérerait inadaptée si l'on admettait qu'elle s'appliquât à un milieu inerte, c'est-à-dire si l'on négligeait les réactions des agents économiques aux décisions de l'État. Utilisé de façon adéquate, le modèle constitue une représentation de l'économie qui fait intervenir le jeu des volontés antagonistes et contribue à éclairer la stratégie de l'État dans un milieu vivant.