Les avatars de quelques termes philosophiques occidentaux dans la langue chinoise

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1993

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Michael Lackner, « Les avatars de quelques termes philosophiques occidentaux dans la langue chinoise », Études chinoises. 漢學研究, ID : 10.3406/etchi.1993.1193


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Résumé De En Fr

Michael Lackner : Das schwierige Schicksal einiger westlicher philosophischer Begriffe im modemen Chines isch. Was haben der deutsche Philosoph G.W.F. Hegel (1770-1831) und der chine-sische Denker Zhu Xi (1130-1200) miteinander gemein ? Gibt es einen Unterschied zwischen den Kategorien der abendlândischen Philosophie und den jiingst » entdeckten «fanchou der chinesischen Geistesgeschichte ? Der vorlie-gende Aufsatz versucht, die Problème der Neologismen in der chinesischen philo-sophischen Terminologie aufzuzeigen. Dabei stellt sich heraus, daB dem in China iiberaus beliebten Vergleich zwischen einheimischen und » auslàndischen «Denkern in etlichen Fallen ein linguistischer Fetischismus zugrundeliegt, der von Âhnlichkeiten der Obersetzungsterminologie mit Begriffen der traditionellen chinesischen Geistesgeschichte auf eine Wesensverwandtschaft zwischen » auslandischem «und eigenem Denken schlieBt. So kommen etwa Binôme mit dem Kompositum » li «(Muster, Ordnung, Prinzip) haiifig in den chinesischen Ubersetzungen der Werke Hegels vor. Wenn man die chinesischen Begriffe fur »Idee «, » Vernunft «, » Verstand «, » Ursache «etc. wieder trennt, bleibt stets » li «iibrig, was ja einen der zentralen Begriffe im Denken der Songzeit darstellt. Neben der philologischen Einsicht, daB die einzelnen Komposita (Schriftzeichen) von Wôrtem mehr Eigenleben besitzen als gemeinhin angenommen, erlaubt diese Beobachtung auch einen RiickschluB auf das politische Ziel derartiger Vergleiche : werrn Hegels Philosophie Schliisselbegriffe der traditionnellen » chinesischen Philosophie «enthàlt, dann hat letztere im Grande Hegel vorweggenommen, und die Bedeutung des » auslàndischen «Philosophen schwindet. Ein vergleichbares Ziel verfolgte die Erfindung der Kategorien in der Geistesgeschichte des traditionnellen China im Jahre 1981 : durch die Ubernahme eines westlichen Begriffes (Kategorien, fanchou) wurde einerseits der Spielraum der chinesischen Philosophiehistoriker nach Jahren der SchwarzweiBmalerei erweitert und anderer-seits dieses Vorgehen geadelt. Dabei vergaB man allerdings, daB Kategorien als universell verstanden werden miissen, andernfalls sie nur Begriffe einer » indigenous philosophy «sind.

Michael Lackner : The Adventures of Some Western Philosophical Terms in Modem Chinese. What do the German philosopher G.W.F. Hegel (1770-1831) and the Chinese thinker Zhu Xi (1130-1200) have in common ? Is there a distinction between the categories of Western philosophy and the recently "discovered" fanchou of Chinese intellectual history ? The present article tries to show the problems of neologisms in contemporary Chinese philosophical terminology. There is evi¬ dence enough that the frequent comparisons between Chinese and "foreign" thinkers (a favoured topic in current debates in China) are based, at least in numerous cases, on a linguistical fetishism, which, starting from superficial similarities between the terminology of the Chinese translations and the termino¬ logy of traditional Chinese thought, is tempted to establish an essential relatedness of character between the Own and the Other. For instance, binomical expressions with the composite character "//" (pattern, order, principle) occur frequently throughout all Chinese translations of Hegel's works. After splitting the Chinese words for "idea," "reason," "intelligence," "cause," etc., into their compounds, one of them will allways be "/i," which is a key term in Song thought. Apart from the philological insight that the isolated compounds have a more intrinsic value than it is usually assumed, this observation also allows for a remark concerning the political aim of such comparisons : if Hegel's philosophy comprises key concepts of traditional "Chinese philosophy," then no doubt, the latter one has anticipated Hegel, and the importance of the "foreign" philosopher is diminished. The invention, in 1981, of the "categories of traditionnal Chinese intellectual history" was inspired by a similar intention : taking over a Western concept (categories, fanchou) broadened the scope of activities of the Chinese historians of philosophy after years of Manicheism. At the same time, it ennobled their research. However, they forgot that categories are meant to be universal, other¬ wise they are only concept of an "indigenous philosophy."

Qu'ont en commun le philosophe allemand G.W.F. Hegel (1770-1831) et le penseur chinois Zhu Xi (1130-1200) ? Les catégories de la philosophie occidentale se distinguent-elles des fanchou de l'histoire intellectuelle chinoise récemment «découverts » ? Le présent article tente de montrer les problèmes que soulèvent les néologismes dans la terminologie philosophique chinoise contemporaine. On possède en effet suffisamment d'exemples montrant que les comparaisons fréquentes entre penseurs chinois et «étrangers » (un sujet de prédilection dans les débats actuels en Chine) sont fondées, pour beaucoup, sur un fétichisme linguistique qui, partant de la similitude apparente entre des termes philosophiques étrangers traduits en chinois et des termes de la pensée chinoise traditionnelle, tente d'établir une parenté fondamentale entre Soi et l'Autre. Par exemple, des expressions binomiques comprenant le caractère «li » (modèle, ordre, principe) apparaissent fréquemment dans toutes les traductions chinoises des œuvres de Hegel. Une fois que l'on a dissocié les caractères qui composent les termes chinois pour «idée », «raison », «intelligence », «cause », etc., on retrouve toujours le «li », un terme clé dans la pensée des Song. Outre le fait que, sur le plan philologique, les composants ont chacun une profondeur sémantique supérieure à celle qu'on leur prête habituellement, l'objectif politique de telles comparaisons est le suivant : si la philosophie de Hegel comprend des concepts clés de la philosophie chinoise traditionnelle, alors, sans aucun doute, cette dernière l'a devancée, et l'importance du philosophe «étranger » s'en trouve diminuée d'autant. L'invention, en 1981, des «catégories de l'histoire intellectuelle chinoise traditionnelle » fut inspirée par une intention du même ordre : en s'emparant d'un concept occidental (celui des catégories, fanchou), les historiens chinois de la philosophie ont élargi le champ de leurs activités après des années de manichéisme. Dans le même temps, leur recherche s'en est trouvée ennoblie. Quoi qu'il en soit, ils ont oublié que les catégories sont comprises comme universelles, faute de quoi elles ne sont que les concepts d'une philosophie «indigène ».

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