2009
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Isabelle Alzieu, « Sacralisantes lumières dans l’architecture de Tadao Andō », Figures de l'Art. Revue d'études esthétiques (documents), ID : 10.3406/fdart.2009.875
À Naoshima, le Chichu Art Museum a été conçu par Tadao Andō comme une véritable oeuvre plastique présentant de manière permanente neuf pièces de Claude Monet, Walter de Maria et James Turrell et vient compléter un dispositif de lieux de l’art amorcé il y a déjà une quinzaine d’années par la Fukutake Art Museum Foundation. Dès le départ, l’architecte, soucieux d’intégrer son architecture au site, a choisi d’enfouir dans le relief montagneux plus de la moitié du volume d’exposition, ainsi que le complexe hôtelier qui complète la galerie. Le Chichu Art Museum reprend donc cette idée, le nom de “chichu” signifiant justement “à l’intérieur de la terre, souterrain”. Voué à exposer des oeuvres faisant de la lumière le sujet essentiel, le musée s’enfonce alors paradoxalement dans le sol. Au fil d’un parcours lent, salles et couloirs articulent des espaces tantôt aveugles et totalement cryptiques, tantôt parcimonieusement ouverts sur la lumière naturelle par des puits de jour zénithaux pour capter un morceau de ciel. Cette alternance des extrêmes fait de ce lieu de l’art un espace de contemplation, d’humilité, tout un monde d’intériorité, un espace introverti, replié sur lui-même et en même temps distillant au compte-goutte les éléments naturels que sont l’air et la lumière. Bien plus que dans un lieu pour l’art, un lieu de “ monstration” de l’art, le visiteur qui s’attend à seulement voir des oeuvres, est immergé dans un véritable espace plastique entièrement dédié à la lumière.