2007
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Guy Vincent, « La poursuite de Jayadratha par Arjuna (Mahâbhârata, VII, 32-121) vaut-elle pour celle d'Hector par Achille (Iliade, XX à XXII) ? », GAIA. Revue interdisciplinaire sur la Grèce ancienne (documents), ID : 10.3406/gaia.2007.1518
Le contexte du retour au combat d'Achille est connu ; mais le fait qu'il traverse deux fleuves, risque la noyade, construit une digue, et qu'il reçoive l'aide d'Héphaïstos asséchant les fleuves, a pu être compris comme une ordalie (à laquelle échoue Patrocle). L'épreuve des eaux au sein desquelles le feu est caché en fait un héros «lumineux comme un astre», capable de tuer Hector et de ruiner la descendance de Priam. Or l'épopée indienne narre un épisode similaire tant par ses thèmes que par ses images. Arjuna vient de perdre Abhimanyu, son fils, et décide de tuer, avant le coucher du soleil, Jayadratha, responsable de la mort de son fils. Arjuna, comme Achille, a été tenu à l'écart du combat le jour précédent, sans compter ses célèbres hésitations que narre la Bhagavat- gîtâ. La mort d'Abhimanyu le renvoie à ses obligations. Arjuna construit au milieu du combat une maison pour abriter ses chevaux fatigués (voir la digue d'Achille abandonnant son char), il affronte différents guerriers dont les attributs ressemblent à ceux qu'affronte Achille ou aux querelles des dieux autour d'Achille. Des images (sauterelles, luminosité des deux héros, océan ténébreux de combattants, etc.) sont communes aux deux récits. Enfin, la mort de Jayadratha s'accompagne de celle de son père, un ermite, dont la tête éclate. La décapitation évoque la crainte du vieux Priam de voir son cadavre castré et dévoré. Un arrière plan mythique avec un éclairage dumézilien pourrait alors être envisagé comme perspective à approfondir : celui où Zeus foudroie son père Kronos comme Kronos avait castré son père Ouranos (luttes entre la deuxième fonction guerrière et la première aux dieux magiciens et lieurs). Le récit indien et le récit grec s'éclairent fortement : le premier obtient une causalité ordalique et le second trouve une finalité mythique.