2013
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Giovanni Cerri, « La place de la Gorgone : où est passée la tête de Méduse ? (Odyssée, XI, 627 et suiv.) », GAIA. Revue interdisciplinaire sur la Grèce ancienne, ID : 10.3406/gaia.2013.1597
La place de la Gorgone : où est passée la tête de Méduse ? (Odyssée, XI, 627 et suiv.) À la fin du livre XI de l’Odyssée, la tête de la Gorgone, isolée à la manière du gorgoneion, joue le rôle de démon catachthonien mis au service de Perséphone de façon permanente, avec la fonction spécifique de terroriser, faire fuir ou pétrifier les vivants qui osent s’introduire dans les mystères de l’Hadès. Cette présentation constitue un unicum absolu dans toute l’histoire de la culture et de la littérature gréco-romaine ancienne : elle peut être interprétée comme une sorte d’innovation poétique proposée par ce passage homérique, mais ensuite refusée par la culture des époques successives, puisqu’elle était considérée absurde du point de vue mythologique. Nous remarquons en effet que : 1) Elle ne revient dans aucun autre texte de la production poétique archaïque, du VIII e au VI e siècle av. J.-C. ; 2) À partir au moins d’Aristote, elle a beaucoup troublé les commentateurs d’Homère, qui voyaient une contradiction infranchissable entre le sens plus évident du passage et la tradition qu’ils connaissaient ; 3) Elle n’a jamais été enregistrée par les mythographes et elle n’a jamais été l’objet de réflexions de la part des philosophes ou des érudits ; 4) Elle a en revanche été l’objet d’allusions transversales (et non pas de reprises au sens strict du mot) toujours et seulement dans des passages à caractère comique ou sarcastique.