L’arc, la lyre et le laurier d’Apollon : de l’attribut emblématique à l’objet théâtral

Résumé En Fr

The bow, the lyre and the laurel branch : from the emblematic symbol to the theatrical object. The bow, the lyre and the laurel branch are emblematic objects associated with the god Apollo. From the archaic period onwards, they are used on vase-paintings (among other art forms) as «iconic epithets » , which enable to identify the god at first sight. On stage, these attributes are also used as visual signs of the identity of the god ; but dramatists have more freedom than painters, since they have at their disposal the resources of the verbal language. When these emblematic objects are put on stage, it will be argued that their original meaning is persistently enriched by new semantic associations, and sometimes distorted or even avoided. The whole identity of the god is then redefined by the way his emblematic attributes are handled, as it will be shown in a comparative study of the apparitions of Apollo in Aeschylus’ Eumenides, Sophocles’ Niobe, Euripides’ Alkestis, Ion, and Orestes.

L’arc, la lyre et le rameau de laurier sont des objets emblématiques associés à Apollon. Dans l’iconographie vasculaire, le choix d’un ou de plusieurs de ces attributs permet au peintre de rendre le dieu reconnaissable au premier coup d’oeil. Au théâtre, ces attributs assument la même fonction d’identifiants visuels ; leur usage est cependant moins figé que dans la peinture, dans la mesure où les dramaturges disposent des ressources de la parole pour faire reconnaître un personnage. Quand ils mettent en scène Apollon, Eschyle, Sophocle et Euripide peuvent choisir de lui adjoindre ces attributs ou non. S’ils y ont recours, par les manipulations verbales et physiques auxquelles ils les soumettent, ils déplacent, déjouent ou enrichissent leur signification symbolique première. C’est alors l’identité d’Apollon toute entière qui se trouve redéfinie par le biais de ses emblèmes, comme nous le verrons dans l’étude comparative des Euménides d’Eschyle, de Niobé de Sophocle, puis d’Alceste, Ion et Oreste d’Euripide.