1995
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Pierre Demars, « Le Solutréen de Laugerie-Haute (Dordogne). Économie du silex », Gallia Préhistoire (documents), ID : 10.3406/galip.1995.2133
L'immense abri de Laugerie-Haute est le site de référence du Solutréen. Les travaux de D. Peyrony et P. E. L. Smith ont montré que se succédait dans les locus est et ouest la séquence suivante : Protosolutréen, Solutréen inférieur, moyen, supérieur et peut-être final. Cependant, mon étude des collections des fouilles de F. Bordes dans ce site montre que cette stratigraphie est plus complexe, avec probablement des mélanges et une absence de parallélisme entre les séquences des deux locus. Pour moi, il est possible de distinguer : à l'est, le Protosolutréen (couche 31) et un Solutréen évolué (couches 30 à 21) ; à l'ouest, le Solutréen inférieur (couches 12 et 11 A), un Solutréen évolué différent de celui du locus est (couches 9 à 1) et des mélanges d'industries (couches 11 et 10). L'étude des matières premières montre surtout l'utilisation des silex du Sénonien d'origine locale, notamment ceux que l'on trouve dans les alluvions de la Vézère qui coule à quelques mètres du site. Ces choix sont liés à des techniques de taille faiblement laminaires. Les feuilles de laurier sont surtout fabriquées dans le silex brun du Sénonien. Des silex exotiques sont également présents (silex du Bergeracois, du Fumélois, de l'Hettangien de Corrèze, du Cénozoïque du sud de la Dordogne). Ils ont été utilisés notamment pour la fabrication des pointes à face plane. La stratigraphie de Laugerie-Haute et, en conséquence, la chronologie du Solutréen sont plus complexes que ce qui était reconnu. Pendant le Solutréen, Laugerie-Haute a été habité par un petit groupe qui n 'occupait pas la totalité de l'abri. Comme les populations des autres périodes du Paléolithique supérieur, celui-ci parcourait un territoire limité au nord de l'Aquitaine.