Des Corps en élections. Au rebours des universaux de la citoyenneté : les premiers votes des femmes (1945-1946)

Résumé En Fr

Voting Bodies. Going against the universals of citizenship: the first women's votes (1945-1946) The universalist, republican tradition of citizenship, insists upon abstracting from ; both, sexual* and social- aspects when defining the voter/Granting women the right to vote in 1944 was merely a legal acknowledgement of the social and cultural transformation of the role of French women in society. A look at journalistic and iconographical eyewitness reports on the first women's vote (1945-1946) allows us to challenge this overly-intellectual interpretation of citizenship. Observers and commentators of the Liberation reveal persistent social representations that gave women voters a distinct civic and social identity. Their representations of these first votes are a mixture of the remnants of traditional misogyny under the Third Republic, messianism linked to everyday occurrences ; at, the time of the Liberation and the absolute; certitude that the. biological nature of women would lead' to a female voting identity. This sociological analysis of the vote relativises any equivalence between the discursive practice of republican- universalism and the social and cultural representations - of the act of voting.

■ Bruno Denoyelle: Des corps en elections. Au rebours des universaux de la citoyenneté : les premiers votes des femmes (1945- 1946) r La tradition universaliste et républicaine de la citoyenneté fait, prévaloir l'abstraction; tant sexuelle que sociale dans la définition de l'électeur. L'octroi en 1944 du droit de vote aux femmes ne ferait que reconnaître légalement la transformation sociale et culturelle du rôle de la Française dans la société. L'examen desr témoignages journalistiques et iconographiques du premier vote des femmes (1945- 1946) permet de s'inscrire en faux contre cette interprétation par, trop intellectuelle de la citoyenneté. Observateurs et commentateurs de la Libération révèlent la persistance de représentations sociales dotant l'électrice d'une identité civique et sociale distincte. Leurs représentations de ces premiers votes mêlent étroitement les reliefs d'une misogynie classique sous la Troisième République, un messianisme lié aux contingences de la Libération et l'absolue certitudes que la, nature biologique féminine - entraînera un acte du vote identitaire au féminin. Cette analyse sociologique du vote relativise toute adéquation; entre une pratique discursive de l'universalisme républicain et les représentations socioculturelles de l'acte civique.