1988
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Joaquim Pais de Brito, « Frontière et village. Note sur l'assise locale d'une frontière politique », Annales de géographie, ID : 10.3406/geo.1988.20678
En faisant la lecture de l'Acte Général de Démarcation entre le Portugal et l'Espagne, suivant pas à pas les bornes et lieux de passage de la frontière, nous nous interrogeons sur son appartenance locale, son assise villageoise. Chemins, fontaines, sources et cours d'eau, pâturages communs, traversée de champs et de cultures, appui sur des murs et bornes de propriété, marques d'investissement symbolique et religieux, appropriation toponymique, sont autant de repères pour penser la frontière comme chose du village -frontière qui, par ailleurs, participe de sa reproduction économique et sociale, comme elle agit sur la pensée de ses habitants. Cela nous conduit à rappeler, pour renforcer l'idée d'une incorporation locale de la frontière, un aspect peut-être souvent oublié : cette ligne de séparation de deux États est aussi (pour ce qui concerne, en particulier, la frontière sèche) la limite qui divise et met en contact les confins des finages que les villages, par des opérations matérielles et symboliques, surveillent et protègent. Territoire et identité s'articulent et la complexité et le foisonnement de sens dans le vécu local de la frontière ne peuvent être saisis que sur place, au village. Ce texte ne veut que proposer quelques pistes de réflexion pour des recherches à entreprendre.