2002
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
François Plassard, « Une approche rétrospective de la prospective : "le scénario de l'inacceptable" », Géocarrefour, ID : 10.3406/geoca.2002.1571
RÉSUMÉ Les travaux de prospective, qui cherchent à éclairer les décisions en s'interrogeant sur les futurs possibles, n'ont pas fart jusqu'à présent l'objet d'analyses rétrospectives qui permettraient de mieux comprendre les "erreurs" de méthode ou d'appréciation qui les caractérisent. Un regard "rétrospectif' sur ces travaux peut permettre de mieux repérer en fonction de quels critères certains paramètres ont été jugés importants et pourquoi d'autres ont été laissés de côté. Nous avons choisi de nous intéresser à un travail de prospective, particulièrement marquant à son époque : Une image de la France en l'an 2000, scénario de l'inacceptable, réalisé par la DATAR en 1971. Il a été réalisé à une période maintenant suffisamment éloignée pour que l'on puisse connaître "la fin de l'histoire". L'analyse rétrospective de ce travail permet de dégager trois conclusions. Tout d'abord les méthodes utilisées conditionnent fortement les résultats : les années 1960 se caractérisaient par la conviction qu'il est possible d'éclairer l'avenir grâce à une analyse fine et rigoureuse des données statistiques qui permettent de repérer à la fois les tendances lourdes et les possibilités de changement. En second lieu, ces travaux sont marqués par les systèmes de pensée dominants de l'époque : deux courants s'imposaient, l'un s'appuyant sur les analyses marxistes pour expliquer les transformations du système capitaliste, l'autre confiant à l'Etat la responsabilité d'orienter l'activité économique. Enfin il apparaît que si ces travaux ont bien anticipé certaines transformations, ils se sont montrés incapables d'anticiper les changements radicaux des modes de vie qui se sont opérés entre 1970 et 2000. Cela pose la question de l'usage qui peut être fait de ces travaux de prospective pour asseoir une politique, de quelque nature qu'elle sort.