1983
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Pierre Rognon et al., « Essai d'interprétation des coupes du Quaternaire récent de l'Oued El Akarit (Sud Tunisien) », Géologie Méditerranéenne, ID : 10.3406/geolm.1983.1233
Les coupes de l'oued El Akarit ont une importance considérable pour expliquer l'évolution géomorphologique et paléoclimatique du Sud-Tunisien depuis 40.000 ans. La présente étude a permis de préciser la succession de deux séquences sédimentaires, séparées par une discordance de ravinement déjà mise en évidence par W.D. Page (1972). Grâce à une collaboration pluridisciplinaire, les environnements successifs de ces deux séquences ont été analysés en détail. La première, à la fin du Pléistocène supérieur débute par une période relativement humide dont l'âge reste incertain malgré les essais de datation au 14C et la présence de gisements «mousté-riens». La microfaune, en particulier les Foraminifères, indiquent des milieux à salinité variable, en rapport avec une transgression probable du milieu marin (vers 27000 BP ?). Cette séquence s'achève par une sédimentation gypseuse (assèchement du climat) et un creusement de la vallée (régression marine ?). La seconde séquence commence aussi par des dépôts hydromorphes, encore plus caractéristiques de milieux euryhalins à affinités thalassoïdes d'après la microfaune, les Mollusques et, probablement la micro¬ flore. Cet épisode est bien daté, entre 8700 et 7400 BP. Ici aussi, les pollens indiquent un couvert de steppe dominant, avec un léger accroissement des arbres vers 6500-6000 BP, juste avant le dépôt généralisé de poussières de gypse et l'installation d'un régime de sebkha. Une légère reprise du ruissellement et le dépôt de loess marque la fin de cette extrême aridité et le retour à une végétation steppique autour de 3500 BP. Depuis 2 ou 3 millénaires, alors que le niveau marin reste élevé, on assiste à un creusement très rapide, de 8 à 19 m, le long de cette vallée. En plus de cette reconstitution paléoclimatique, cette étude remet en cause l'interprétation et la datation du glacis 2 -forme majeure des piedmonts du Sud-Tunisien-et surtout le postulat d'une stabilité tectonique du seuil d'Oudref, entre les chotts et le golfe de Gabès.