2008
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Marie-Luce Demonet-Launay et al., « Les langues des Indes orientales entre Renaissance et Âge classique », Histoire Épistémologie Langage, ID : 10.3406/hel.2008.3169
Les langues des Indes orientales ont été des instruments au service des trois mobiles de la découverte de nouvelles terres : la conquête, le commerce et la conversion. Les routes des langues coïncident avec celles des épices et de la soie, surtout dans la première moitié du 16e s. où une multitude d’idiomes auront été appris dans la hâte de l’installation des forteresses, des comptoirs et des églises, avant de susciter un intérêt scientifique majeur (pour le chinois et le japonais en particulier). Ces langues pérégrines ouvrent les savoirs occidentaux à une colonisation également linguistique. Elles alimentent un certain goût de la merveille qui se transformera, au cours du 17e s., en exotisme littéraire. À une époque où les protestants conduisent leurs propres missions, jésuites et ordres mendiants rivalisent de compétence linguistique. En France, Guillaume Postel, Blaise de Vigenère et Claude Duret donnent à lire trois traitements de ces nouveautés : l’annexion à un idéal messianique, l’intérêt cognitif pour une écriture universelle et la réprobation à l’encontre d’idéogrammes monstrueusement païens.