2009
Copyright PERSEE 2003-2024. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Sylvain Auroux, « Mathématisation de la linguistique et nature du langage », Histoire Épistémologie Langage (documents), ID : 10.3406/hel.2009.3105
La linguistique est sans doute l’une des rares disciplines à posséder une «mathématisation spécifique » . Elle le doit principalement à la nature même du langage et à des propriétés comme les possibilités de transposition, de substitution ou d’autonymie, ainsi qu’à la compositionnalité des éléments de l’énoncé. Dès l’apparition de la logique on voit naître une formalisation spécifique sous forme de littérarisation. Parmi les différentes formes de mathématisation possibles, la voie quantitative n’a, jusqu’ici, guère été féconde. La voie sémantique a longtemps été la plus fructueuse puisqu’on lui doit partiellement la naissance de nouveaux objets mathématiques (notions d’extension des concepts, à l’origine de celle de classe). Le succès de la mathématisation (et l’apparition de concepts intrinsèques) a tenu à l’extension de la notion de calcul. Elle passe massivement par la logique. Une première extension est venue avec l’algèbre de Boole. La seconde provient de la constitution de la notion moderne de calculabilité, liée aux machines de Turing et la théorie des langages formels ; elles ont fait naître une linguistique mathématique, qui s’est définitivement imposée dans la seconde moitié du 20e s.