2012
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Jean-Léo Léonard, « À quoi reconnaît-on la tagmémique ? Entre structuralisme périphérique et grammaire de texte : essai de modélisation épistémologique », Histoire Épistémologie Langage, ID : 10.3406/hel.2012.3256
Dans quelle mesure la tagmémique est-elle bien un paradigme qu’on pourrait situer dans la continuité du structuralisme descriptiviste nord-américain, de Sapir & Boas à Bloomfield ? Nous poserons cette question en utilisant une grille de seize critères permettant de définir la tagmémique en termes de méthodes et de doctrine, auxquels s’ajouteront sept critères suggérés par Gilles Deleuze pour caractériser le structuralisme sous ses différentes formes. Nous verrons que la tagmémique s’avère être une forme paradoxale de fonctionalisme. D’une part, la typologie des langues et la linguistique computationnelle doivent beaucoup à ses données et à ses outils d’analyse ; d’autre part, elle fait figure de parent oublié de la linguistique moderne. Cet article explore la tagmémique à travers quelques textes fondateurs de Kenneth Pike et de Robert Longacre, et accorde également une attention particulière à des faits de langues mazatec. En effet, le mixtec et le mazatec sont deux langues otomangues qui eurent une influence décisive sur les conceptions théoriques de ces deux linguistes, distingués représentants de la tagmémique. Cette étude de cas permet de rappeler combien l’empirisme structuraliste a pu marquer la linguistique moderne bien après le structuralisme nord-américain classique, mais aussi combien les faits peuvent tirer la théorie, plutôt que l’inverse. De ce point de vue, la tagmémique constitue une sorte de laboratoire pour l’observation des interactions entre données et construits dans la formation des théories linguistiques.