1992
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Alain Thillay, « Le faubourg Saint-Antoine et la liberté du travail sous l'ancien Régime », Histoire, économie & société, ID : 10.3406/hes.1992.1633
On a longtemps réduit l'organisation du travail sous l'Ancien Régime au modèle corporatif et au schéma simplificateur maître-compagnon-apprenti. L'exemple du faubourg Saint-Antoine, devenu lieu de travail privilégié dans Paris en 1657, montre une autre réalité. Le roi, qui soustrait les artisans du faubourg aux visites des jurés parisiens et à l'obligation de maîtrise, favorise la liberté du travail dans un quartier périphérique de la capitale. Malgré les attaques des corporations, la monarchie défend sans cesse les privilèges accordés aux artisans. Les entrepreneurs de manufactures, les artisans, les chambrelans, prennent donc, sans risque, des libertés par rapport aux statuts corporatifs. Ainsi, après 1667, les apprentis deviennent moins nombreux que les alloués au faubourg Saint- Antoine. Véritables compagnons ou plus souvent jeunes gens qui s'engagent dans un apprentissage qui ne les conduira pas à la maîtrise, les alloués échappent au modèle maître-compagnon-apprenti. Enfin, certains membres des corporations coopèrent avec les artisans du faubourg Saint-Antoine et demeurent, pour plusieurs d'entre eux, en ce lieu privilégié. Le juridique engagé par les corporations masque donc une réalité plus complexe.