1994
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Scarlett Beauvalet-Boutouyrie et al., « Des sages-femmes qui sauvent les mères ? », Histoire, économie & société, ID : 10.3406/hes.1994.1697
Les efforts entrepris en vue d'une meilleure formation des sages-femmes dans la seconde moitié du XVIIIe siècle ont-ils eu des effets notables sur la mortalité maternelle ? En étudiant deux zones rurales de la généralité de Rouen (l'une proche de Pont-1'Evêque, l'autre voisine de Vernon) et les villes de Cherbourg et Vernon, nous nous sommes proposés de répondre à cette question. Les cours de formation des sages-femmes se mettent en place à partir de 1777 dans cette région sous l'impulsion de l'intendant, Thiroux de Crosne. Les sources nous ont permis de déterminer quelles paroisses de l'échantillon étaient pourvues d'une accoucheuse et quand tel était le cas, de savoir si elle avait ou non reçu une formation. Les 18 139 accouchements (fiches MF et MO) observés entre 1777 et 1807 font apparaître une diminution de la mortalité maternelle, laquelle est fonction du niveau de formation des accoucheuses. Lorsque les femmes sont accouchées par des matrones non formées, le taux de mortalité maternelle est de 8,69 pour mille (délai de 42 jours après l'accouchement, 10,06 pour mille, délai de 60 jours), il s'abaisse à 5,38 pour mille (6,28 pour mille, délai de 60 jours) quand c'est une sage-femme formée qui opère. La différence est notamment sensible sur la mortalité maternelle du premier jour, c'est-à-dire celle que l'on peut attribuer aux manœuvres de l'accouchement et au choc obstétrical. Il apparaît donc, en Normandie du moins, que les cours de formation des sages-femmes ne sont pas étrangers à la baisse, même modérée, de la mortalité maternelle. Cette baisse qui était connue pour les villes concerne aussi les campagnes. Ces efforts trouvent cependant leurs limites dans le haut niveau de l'infection post néonatale, infection que l'on n'a commencé à réellement maîtriser qu'au XXe siècle.