1995
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Sylvie Lacroix, « Les naufrages dans la marine marchande en Angleterre, le tournant de 1854-1873 », Histoire, économie & société, ID : 10.3406/hes.1995.1791
À partir de 1854, le Gouvernement britannique établit des « Annual Abstracts of returns of Wrecks and casualties », présentés chaque année au Parlement, et une série de « commissions parlementaires d'enquêtes sur les naufrages », en 1836, 1839, 1843, 1873, 1874, 1884-1885, ont été les sources de notre travail. Ces chiffres montrent une aggravation très nette de la situation jusqu'à la fin des années 60, suivie d'une stabilisation relative. De 45 à 68 % des accidents sont causés par le mauvais temps, le reste se partage entre les erreurs humaines et les défauts du bateau ou de son équipement. De 1850 à 1870 sont mises en place les premières mesures gouvernementales pour instituer un code de la mer et une formation générale des hommes de la marine marchande. Les débuts de la vapeur et des constructions métalliques s'effectuent dans les meilleures conditions, l'évolution étant étroitement surveillée dès l'origine et menée de toute façon avec beaucoup de prudence par les ingénieurs. Les problèmes principaux étaient posés par les vieux bateaux de bois tendre, les surcharges et les charges de pont, aggravés par la conjoncture économique. La campagne de S. Plimsoll sur les « bateaux cercueils », qui culmine en 1873 avec la publication de Our Seamen, An Appeal, conduit à l'adoption de la Plimsoll Line de 1875 sur les surcharges. Mais dans un contexte de laissez-faire, le Gouvernement répugne, avec une grande prudence, à un carcan législatif trop sévère, surtout pour les armements en difficulté économique, et s'il est contraint à prendre des mesures, il temporise dans leur application.