2001
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Frédéric Jacquin, « Un empoisonnement à Paris : l'empoisonnement du sieur de Vaux (1742) », Histoire, économie & société, ID : 10.3406/hes.2001.2251
L'historiographie des XIXe et XXe siècles s'est essentiellement attachée à l'étude des empoisonnements des xvr et XVIIe siècles. Des sondages réalisés dans les archives criminelles du Châtelet de Paris ont permis de mettre en évidence l'existence de nombreuses affaires d'empoisonnement au XVIIIe siècle. C'est à ces affaires criminelles qu'appartient l'empoisonnement du sieur de Vaux. Cet officier de la Reine, malade depuis longtemps, mourut violemment à Paris le jeudi 22 novembre de l'année 1742. S'est-il empoisonné lui même après avoir ingéré des remèdes traditionnels qu'il avait l'habitude de se confectionner? A-t-il été victime d'une intoxication alimentaire? A-t-il été victime d'un véritable empoisonnement? L'étude des pièces de ce dossier criminel ne permet pas vraiment de conclure sur ce fait. Elle permet cependant de reconstituer les différentes étapes de sa mort et les logiques de désignation d'un coupable idéal, en la personne de Marie Marguerite Gamier, sa maîtresse. L'analyse des interrogatoires des nombreux témoins de cette affaire qui ont considéré cette mort violente comme la conséquence de l'action d'un poison administré par une femme, révèle en fait, tout un contexte de phobies nées de la réactivation d'un imaginaire ancestral associant le poison à l'image de la femme. La méfiance par rapport à la nature féminine semble apparaître comme le fait de peurs très anciennes. Le stéréotype de l'empoisonneuse qui a participé à ces peurs et qui a été associé pendant longtemps à l'image de la sorcière semble, au XVIIIe siècle, s'en être détaché afin de constituer un modèle à part entière dont il ne serait en fait que le surgeon.