2005
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Marie-Claude Dinet-Lecomte, « Du « bon usage » de la clôture et de l'enfermement dans les établissements charitables aux XVIIe et XVIIIe siècles », Histoire, économie & société, ID : 10.3406/hes.2005.2555
Le phénomène de clôture et d'enfermement triomphe à la fin du XVIe siècle et au XVIIe siècle sous le double effet de la Réforme catholique et de la politique de grand «renfermement des pauvres». Si l'historiographie en a souligné la convergence et la concomitance, elle n'a pas toujours saisi la complexité des motivations, l'ampleur des aspirations religieuses et surtout la place centrale occupée par les femmes dans le combat charitable. C'est pourquoi, cette contribution s'intéresse au rôle des sœurs hospitalières dans la société. À la différence des moniales, elles ne participent pas (ou si peu) à l'invasion conventuelle des villes car elles relèvent à la fois de l'Église, de l'État et des municipalités. Majoritaires dans les hôtels-Dieu, les hôpitaux et les pensionnats des villes, elles doivent concilier vie religieuse et service hospitalier. Malgré une infinité de statuts et de règles, tout est mis en œuvre pour éviter la surenchère conventuelle de certaines religieuses. La règle est constamment mitigée, il y a des degrés, des accommodements dans la clôture amplifiés dans la pratique. Les deux dernières parties consacrées aux sœurs de charité montrent que l'absence de clôture voulue par Vincent de Paul n'est pas une forme d'émancipation. Pour qu'elles ne se perdent pas dans le monde, elles sont astreintes à une totale soumission vis-à-vis de leur supérieur ecclésiastique et des administrateurs hospitaliers. L'obéissance tient lieu de clôture, le travail est une forme de prière. De là, la naissance des stéréotypes dès le XVIIIe siècle car, en dépit des apparences, beaucoup de contemporains ne pensaient pas que l'esprit de clôture fût aussi fort chez les séculières et de fait, les rapprochait des religieuses à vœux solennels.