1999
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Victor Rosenthal et al., « Sens et temps de la Gestalt », Intellectica, ID : 10.3406/intel.1999.1778
La Gestalttheorie n’est pas seulement un corps de doctrine commun à plusieurs écoles de l’histoire de la psychologie : elle s’est voulue d’abord une théorie universelle des formes et des organisations, ayant vocation à valoir dans une pluralité de champs scientifiques dont elle aurait constitué un principe d’unification. Cet article dresse un inventaire de son héritage, et cherche à déterminer le rôle qu'elle pourrait jouer à nouveau dans les sciences cognitives. A cette fin, nous évoquerons d’abord le contexte dans lequel ce mouvement de pensée s’est développé, pour ressaisir ensuite quelques-unes de ses caractéristiques les plus originales : appartenance au grand mouvement philosophique et scientifique de la phénoménologie ; lien constitutif à la physique du champ et aux mathématiques des systèmes dynamiques ; identification de la perception à une structure générale de la cognition ; saisie solidaire des formes et des valeurs ; conception unitaire de la perception, de l’action et de l’expression. Une fois ce parcours effectué, on sera en mesure de comprendre les résonances, et les absences significatives de la Gestalt dans les sciences cognitives et les sciences du langage contemporaines. On verra ainsi que le sens le plus intéressant pour une reprise de l’héritage gestaltiste se trouve à partir d’un réexamen critique de son dynamicisme : donc en revenant à sa conception du temps, à ses problématiques génétiques, au rôle joué par le mouvement et par l’action dans la constitution (du sens) des formes.