2010
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Gunnar Declerck, « Eléments pour une interprétation phénoménologique de la pesanteur », Intellectica (documents), ID : 10.3406/intel.2010.1191
Ce texte vise à mettre en place une série d’éléments devant servir de fondement à une interprétation phénoménologique de la pesanteur, à savoir une caractérisation de la pesanteur telle qu’elle se montre et fait sens pour l’individu dans son rapport quotidien, «préréflexif » , au monde. Bien que les réflexions ici proposées soient prioritairement à rattacher à la philosophie, nous convoquerons une série d’observations issues des sciences empiriques – au premier chef la psychologie – pour appuyer leur cheminement. Après avoir montré, sur la base d’un ensemble de résultats de la psychologie, que le poids d’un objet manipulé est spontanément évalué/ perçu par l’individu sur la base de l’effort requis pour le soulever, et que l’amplitude de l’effort devant être fourni pour développer un niveau de force donné est elle-même proportionnée à la capacité de production de force variable dont dispose l’individu, nous proposerons une première caractérisation phénoménologique de la pesanteur. Nous chercherons à partir de là à mettre en lumière les structures qui, du côté du sujet percevant, rendent possible la manifestation de quelque chose de tel que le poids. Deux idées principales s’imposeront : d’une part, la pesanteur peut être comprise comme une des manières dont l’individu se rend intelligible son monde en référant l’objet qu’il manipule à la prise dont il dispose, au sens de la latitude de son pouvoir d’action ; d’autre part, parce que le poids n’est pas quelque chose que l’on voit mais quelque chose que l’on supporte, quelque chose qui pour être perçu doit être pris en charge, seul un percevant capable de se rapporter à soi comme à une puissance finie, un être en perpétuel épuisement, aura la conformation requise pour rencontrer quelque chose de tel que le poids – pour ouvrir un monde où règne la pesanteur.