Ingénierie philosophique. Vers une philosophie du Web

Fiche du document

Date

2014

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Collection

Persée

Organisation

MESR

Licence

Copyright PERSEE 2003-2024. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.


Résumé En Fr

Philosophical engineering : Toward a Philosophy of the Web. The Web is commonly considered the most significant computational phenomenon to date. However, the Web itself has received scant attention from philosophy, being best regarded as a mere engineering artifact. Furthermore, the efforts to evolve the Web into the Semantic Web are viewed with suspicion by most philosophers as a return to Cartesian artificial intelligence. I argue that these widely held viewpoints are incorrect, and that the Web succeeds because of its design principles that distinguish it from both previous hypertext systems and knowledge representation systems in classical AI. Furthermore, the Web embodies the logical conclusion of Clark''s Extended Mind thesis since it allows multiple individuals to access and manipulate the same representation, so offering the ultimate in cognitive scaffolding. This undermines the notion of individual intelligence at the heart of Cartesian artificial intelligence and presents a challenge to the role of representations as given in the recent wave of neo-Heideggerian focus on embodiment. Taking the Web seriously moves the primary focus of philosophy away from the role, or lack thereof, of internal representations to external representations. The Web is then properly understood as the creation and evolution of external representations in a universal information space. Berners-Lee calls this “ philosophical engineering,” and it has surprising connections to neo-Fregeanism, antirealism, and other long-standing philosophical debates.

Bien qu’il soit généralement considéré comme le système computationnel le plus important à l’heure actuelle, le Web n’a suscité qu’une attention limitée de la philosophie, qui tend à ne voir en lui qu’un produit de l’ingénierie. Les initiatives pour faire évoluer le Web vers un Web sémantique sont également perçues avec méfiance par la plupart des philosophes, qui suspectent en elles une régression vers l’Intelligence Artificielle (IA) cartésienne. Dans cet article, je soutiens que ce point de vue largement répandu est erroné, et que le Web a le succès qu’on lui connait parce qu’il est conçu suivant des principes qui le distinguent radicalement à la fois des systèmes hypertextuels qui l’ont précédé et des systèmes de représentation des connaissances de l’IA classique. Parce qu’il permet à différents individus d’accéder et de manipuler la même représentation, le Web incarne par ailleurs les principes de la Thèse de l’Esprit Étendu de Clark, dont il représente l’ultime étape en termes d’étayage cognitif. Cette particularité va à l’encontre du modèle cartésien de l’intelligence qui en fait une vertu individuelle, et elle constitue un défi pour le courant néo-heideggérien de l’embodiment, qui assume une forme d’antireprésentationnalisme. Prendre le Web au sérieux conduit à s’interroger sur le rôle (ou l’absence de rôle) non plus des représentations internes, mais des représentations externes. Correctement compris, le Web correspond à la création et l’évolution de représentations externes dans un espace informationnel universel. Ce processus, qui relève de ce que Berners-Lee appelle «l’ingénierie philosophique » , soulève des problèmes déjà discutés par les néo-frégéens et les antiréalistes, et rejoint d’autres débats animant de longue date la philosophie.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines