La kinéflexion : produire, exhiber, partager des actes vivants de pensée

Fiche du document

Date

2017

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Source

Intellectica

Collection

Persée

Organisation

MESR

Licence

Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.




Citer ce document

Jean-Rémi Lapaire, « La kinéflexion : produire, exhiber, partager des actes vivants de pensée », Intellectica, ID : 10.3406/intel.2017.1865


Métriques


Partage / Export

Résumé En Fr

Kineflection : Producing, Displaying and Sharing Dynamic Forms of Mental Action. As speakers reflect, narrate or reason orally they produce ideational and argumentative gestures (McNeill, 1992, 2005 ; Calbris, 2011). In doing so, they perform bodily acts of conceptualization : their ideas and lines of reasoning are not simply expressed but performed on the socio-cognitive stage (Lapaire, 2014a). Arguments and concepts “ take shape” (Arnheim, 1969) through patterned moves that enact “ conceptual actions” (Streeck, 2009). Bodily displays of abstract meanings (McNeill, 1992 ; 2005) are thus produced that give sensory reality and “ palpability” (Talmy, 2000) to otherwise invisible thought processes. I propose using the word kineflection (or kinetic thinking) to name the union of movement and reflection. Kinetic thinking is present in everyday communicative behaviour, yet remains largely unconscious, and underused in standard teaching and learning environments. The proposed hypothesis is that the mechanisms of kineflection may be brought to consciousness and activated to empower thinkers and instructors, as well as students, in all learning environments. New strategies may be developed that pair bodily action with conceptual or symbolic action (Goldin Meadow, 2003 ; Kendon, 2004), allowing “ living” forms of reflection (Jousse, 1974) to be “ orchestrated to a choreography of the human body” (Asher, 1972). In principle, kineflective pedagogy should make sense to learners because “ the enactment of knowledge and concepts through the activities of our bodies” (Lindgren & Jonson-Glenberg, 2013) is part of human nature and strongly anchored in language. However, developing embodied, enactive forms of understanding based on “ choreographic thinking” (Forsythe, 2013) is not without its own challenges, as I propose to show, using empirical evidence gathered during a number of small-scale experiments with university students, in such diverse fields as biology and astrophysics (Rollinde, 2015a), medicine (Roze, 2016), grammar, morphology and pragmatics (Lapaire & Masse, 2006 ; Lapaire, 2016 ; 2018).

Tout énonciateur qui s’engage dans un processus de réflexion ou de narration orales produit des gestes d’idéation et d’argumentation (McNeill, 1992 ; 2005 ; Calbris, 2011). Ce faisant, il ou elle accomplit des actes corporels de conceptualisation. Les idées formulées ne sont donc pas seulement « exprimées » mais jouées (mises en acte) sur la scène sociale (Lapaire, 2014a). Concepts et raisonnements « prennent forme » (Arnheim, 1969) au travers de mouvements calibrés et coordonnés. Le regard, les mains, le corps tout entier, participent ainsi à la réalisation d’ « actions conceptuelles » (Streeck, 2009). La fabrication et l’exhibition physiques de significations abstraites confèrent un haut degré de «palpabilité » (Talmy, 2000) à des processus mentaux qui resteraient sinon intangibles. Le terme de kinéflexion (ou kiné-pensée) que nous proposons renvoie à tout processus d’union du mouvement corporel et de la réflexion, ancré dans le langage mais dépassant ce dernier. L’hypothèse avancée ici est que les mécanismes de la kinéflexion, une fois nommés et montés en conscience, sont exploitables en situation d’enseignement-apprentissage. Des stratégies peuvent être conçues qui reposent sur une coordination étroite d’actions physiques et d’actions mentales ou symboliques (Goldin-Meadow, 2003 ; Kendon, 2004). Des actes «vivants » de réflexion (Jousse, 1974), «orchestrés et chorégraphiés par le corps humain » (Asher, 1972) méritent d’être encouragés. Une pédagogie kinéflexive doit être en phase avec la cognition ordinaire, puisque «la mise en acte corporelle de concepts et de connaissances » (Lindgren & Jonson-Glenberg, 2013) est inscrite dans l’être humain et le fonctionnement de son langage. Cependant, la mise au point de stratégies incarnées et énactées de compréhension, sollicitant volontairement des «formes chorégraphiées de la pensée » (Forsythe, 2013) n’est pas sans présenter de défis, ainsi qu’en attestent un ensemble de micro-expérimentations en pédagogie universitaire, dans des domaines aussi diversifiés que la biologie cellulaire et l’astrophysique (Rollinde, 2015a), la médecine (Roze, 2016), la grammaire, la pragmatique et la morphologie (Lapaire & Masse, 2006 ; Lapaire 2016 ; 2018).

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en