2020
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Philippe Guillot, « Informatique et cryptologie : un déplacement des frontières », Intellectica (documents), ID : 10.3406/intel.2020.1950
Les travaux de Turing ont montré les liens étroits qu’entretiendront cryptologie et mécanisation du calcul. Leur évolution parallèle va déplacer de nombreuses frontières : entre secret et transparence, entre sphère publique et sphère privée, entre contrôle social et liberté individuelle, entre art et science. Cet article explore ce mouvement à la lumière des domaines où il s’est manifesté. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la cryptologie a évolué d’un usage presque exclusivement militaire à son ubiquité actuelle. Cette mutation d’usage s’est doublée d’une transformation de nature, en particulier sous l’angle du rapport à la science. Les techniques artisanales ont cédé la place à une nouvelle branche des mathématiques dont le caractère scientifique est autant revendiqué que controversé, tant la sécurité est matière à spéculation. Les questions ouvertes par la théorie de la complexité trouvent une illustration imagée avec les mondes virtuels de Russel Implagliazzo. L’impact sociétal de la cryptologie est aussi abordé du point de vue de la nature des échanges : contrôle institutionnel ou maintien au sein de cercles privés. L’histoire de l’opposition entre contrôle étatique et liberté d’usage sera exposé au regard du droit. Sont enfin abordées les nouvelles applications et menaces de la cryptologie, reculant les frontières du possible, de l’informatique en nuage aux monnaies virtuelles.