1994
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Rüdiger Imhof, « The Book of Evidence », Etudes irlandaises, ID : 10.3406/irlan.1994.1196
The Book of Evidence nous présente, si l'on en croit les apparences, l'histoire d'un meurtre ; et pourtant l'histoire, elle-même, ne revêt pas une importance primordiale. Freddie Montgomery n'est pas en mesure de se représenter de façon suffisamment suggestive la femme qu'il tue, parce que son pouvoir de représentation est sous l'empire de l'art. Le monde dont il est question dans ce roman n'est rien d'autre que la poursuite des idées de Nietzsche, qui sont à la base de Mefisto, surtout en ce qui a trait aux conceptions du philosophe en matière de mal moral. Freddie est essentiellement un artiste dont l'art occulte l'art. En recourant à une foule d'allusions intertextuelles à la Lolita de Nabokov, The Book of Evidence génère une conscience narrative, porteuse d'un jugement sur le réel par le truchement de la littérature, du film et de l'art. Quant à Freddie, son péché cardinal réside dans l'incapacité qui est sienne de se représenter les choses ou les êtres. Dans son «livre des preuves» on a affaire à une sorte de délivrance où la victime se voit bannie dans une oeuvre d'art. Le « salut» de Freddie est la résultante d'un aveu, à savoir que le monde de l'art et celui de tous les jours sont différents et qu'il est impossible de surmonter l'abime qui les sépare.