1983
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Georg Elwert et al., « Urbanisation sans bidonvilles », Journal des Africanistes, ID : 10.3406/jafr.1983.2041
Les problèmes de croissance dans les villes modernes et la persistance des bidonvilles sont liés à la question de la décentralisation. П importe d analyser la situation de certaines villes du Tiers-Monde qui tentent plus ou moins heureusement de résoudre le problème. Leur aspect bucolique peut donc en ce sens offrir des éléments utiles à la construction de modèles futurs pour les villes des sociétés industrialisées. A Cotonou l'on ne rencontre point bon nombre de problèmes qui caractérisent la plupart des villes du Tiers-Monde. Ce fait tient à la structure urbaine particulière de la ville. Une structure urbaine saine n'est possible que dans la mesure où la structure de l'économie rurale (dans l'arrière-pays) permet aux paysans d'être propriétaires de leurs moyens de production et de combiner la production de subsistance avec la simple production de marchandise. Lorsque, du fait qu'ils sont reliés au fluctuant marché mondial (capitaliste), les paysans n'ont plus la possibilité de réaliser cette combinaison, apparaît alors le «push- factor» qui provoque l'exode rural. Dans une telle situation les ruraux arrivent très démunis en ville. Mais lorsque les effets du «push factor» sont inexistants ou réduits au minimum, les éléments essentiels de la structure économique et sociale de la campagne survivent au cours de la migration et peuvent influencer la structure économique urbaine. Aussi peut-on rencontrer à Cotonou l'élevage à domicile, le jardinage, la pêche semi-artisanale en coopérative, la production collective de l'habitat, autant d'éléments qui modifient considérablement les revenus d'une bonne partie de la population urbaine et que les statistiques officielles laissent de côté. Enfin l'articulation des économies intérieures des pays du Tiers-Monde sur les économies des pays industrialisés constitue la base de l'exploitation des paysans à travers un appareil bureaucratique local «hydrocéphale» et les transactions avec l'Europe. Ce caractère extraverti et dépendant de la structure économique dans le Tiers-Monde ne lui permet pas d'accéder à une industrialisation autocentrée. Cela réduit les villes du Tiers-Monde à ne jouer que le rôle de relais ou lieu de ponction des richesses vers les pays industrialisés et cela grâce à la supercherie de ce qu'on appelle communément encadrement rural et qui n'est en fait qu'un moyen de contrôle et de répression qui vise à maintenir le paysan dans l'agriculture d'exportation.