1988
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Annick Faurion, « Naissance et obsolescence du concept de quatre qualités en gustation », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, ID : 10.3406/jatba.1988.6674
Le goût au quotidien n'est pas la sensation gustative qu'étudient les physiologistes ; ce terme recouvre en général un ensemble de sensations y compris olfactives et somesthésiques. Les descripteurs sémantiques qui varient avec l'histoire et les langages traduisent cette confusion multimodalitaire. L'ensemble de nos sensibilités gustatives n'est pas réduit à quatre qualités comme le laisserait supposer l'existence de 4 descripteurs (les Japonais ont proposé umami comme 5e descripteur, nous pouvons proposer le réglisse comme 6e, etc.). Nous avons montré que l'espace gustatif est multidimensionnel et continu, c'est dire que toutes les molécules sont distinguables et qu'une dizaine de mécanismes accepteurs au moins sont nécessaires pour rendre compte du codage complexe d'un nombre infini de sensations gustatives différentes. Le codage est alors conçu en terme d'ensembles et de combinatoire. Pour expliquer les différences de sensibilité interindividuelles, nous devons faire appel à l'hypothèse d'un équipement en chimio-récepteurs légèrement différent d'un individu à un autre. Il en résulte que chaque individu présente une perception particulière de toute molécule. En général cette expérience est incommunicable mais on peut l'objectiver parfois. Ainsi le méthyl alpha d mannopyranoside est amer pour certains et sucré pour d'autres sujets.