1996
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Aline Hémond, « Pratiques cynégétiques et nouveaux discours écologiques chez les Nahuas du Balsas (Mexique) », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, ID : 10.3406/jatba.1996.3749
D'après Victor Toledo, pionnier de l'ethnoécologie au Mexique, les peuples indiens de ce pays auraient une connaissance plus approfondie de la flore et de l'usage agricole des sols que de la faune. Dans cet article, nous nous proposons d'analyser les pratiques cynégétiques des Nahuas du bassin du fleuve Balsas, pour lesquels la chasse est avant tout l'affaire de paysans qui défendent leurs milpa (champs de maïs et plantes associées) contre les prédateurs (coyotes, pécaris, coatis). Des battues sont également organisées contre les animaux sauvages (sangliers, félins) dans leur propre territoire, appelé le monte (les collines et les espaces hors des villages) bien que les grands prédateurs capables de s'affronter à l'homme, tel les jaguars appelés "tigre" (tecuani : F élis onca), ont pratiquement disparu. La chasse reste plus une expression du rapport au sauvage qu'un besoin alimentaire, même si le gibier est apprécié. Le Balsas était aussi réputé pour être l'une des niches écologique du cerf à queue blanche (masatl ; Odocoileus virginianus) espèce qui s'est actuellement beaucoup raréfiée. Nous analyserons quels sont, pour les villageois, les nouveaux aspects des rapports aux animaux et à la chasse, depuis leur adoption d'un discours "écologique" et la mise en place de projets de réintroduction du cerf à queue blanche avec des ONG partenaires. La prise en charge de son élevage amène également les villageois à traiter cet animal comme une bête domestique et entraîne une modification de leurs représentations du sauvage.