2013
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Alain Sigoillot, « Destins d’hommes libres à l’époque carolingienne d’après les chartes de Saint-Sauveur de Monte Amiata », Journal des Savants, ID : 10.3406/jds.2013.6303
Des lectures, un peu hâtives, des documents provenant du chartrier de Saint-Sauveur de Monte Amiata ont cru y déceler de nouvelles preuves d’un rapide déclin de la petite propriété allodiale et des liberi homines à l’époque carolingienne. L’abbaye aurait réduit cette population en quasi-servitude par les clauses des contrats de location (livelli) qu’elle imposait aux ex-propriétaires obligés de lui céder leurs terres. La réalité est plus complexe. Les actes de vente et les livelli pouvaient, en effet, ne porter que sur une partie du patrimoine détenu par un groupe familial. L’étude des termes des contrats et une analyse statistique montrent, qu’en échange de leur droit de propriété, les liberi homines avaient, souvent, réussi à conserver l’essentiel : leur statut personnel, la faculté de transmettre le livello à leurs héritiers mâles (qui gardaient la possibilité de partir en emportant tout ou partie des acquêts), l’assurance que le loyer ne serait pas augmenté si leur descendance se divisait en plusieurs feux et de marier leurs filles sans avoir de comptes à rendre. Des indices suggèrent même qu’ils ont pu réaliser de bonnes affaires, avec l’abbaye ou entre eux, en obtenant des conditions privilégiées, en partageant les corvées au sein d’une fratrie, en augmentant leurs surfaces de culture ou en remembrant leurs propriétés. Certains locataires continuaient d’accomplir le service d’ost et d’appartenir à la communauté des arimanni.