2015
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François Fossier, « Les ecclésiastiques à l’Académie des inscriptions et belles lettres sous l’Ancien Régime », Journal des Savants, ID : 10.3406/jds.2015.6333
Un tiers des 248 académiciens qui composèrent la compagnie de sa fondation (1663) jusqu’à la Révolution appartenait à l’Église, du cardinalat à la commende abbatiale, sans aucun membre du clergé séculier. Quatre d’entre eux obéissaient néanmoins à la règle monastique, d’ailleurs souple, de la congrégation de Saint-Maur et l’on peut regretter qu’ils n’aient pas été plus nombreux. Leur formation s’était faite chez les oratoriens ou/ et les jésuites, comme ce fut aussi le cas de tous leurs confrères laïcs. Leur foi et les moeurs ne répondaient en rien au schéma sommaire de l’abbé de cour corrompu, mais leur savoir en matière ecclésiastique n’était pas supérieur à celui de ces derniers. De fait, il est impossible de leur attribuer le privilège d’une discipline dans la recherche des antiquités gréco-latines, orientales ou du Moyen Âge. Certaines figures furent éminentes (Renaudot, Vertot, Fraguier, Sevin, Gédoyn, Sallier, Foncemagne, Lebeuf, Guenée, Garnier, Barthélemy…), d’autres plus modestes. Le principe de la sociabilité académique, qui s’instaura à cette époque et jusqu’à nos jours, excluait toute forme de prosélytisme et permit à ce corpuscule de gens d’Église de traiter de pair à compagnon et sur tous les sujets, voire les plus audacieux, avec la totalité de leurs confrères, sans qu’on puisse jamais relever ségrégation, peurs ou réticences. Dans une période de trouble des consciences, académiciens laïcs ou d’Église maintinrent le droit fil de la recherche érudite sans concessions.