Le classement du tumulus de Soings-en-Sologne (Loir-et-Cher) sur la liste de 1840 : paradoxes et impensés d’un manifeste patrimonial

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2020

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Raphaël Angevin et al., « Le classement du tumulus de Soings-en-Sologne (Loir-et-Cher) sur la liste de 1840 : paradoxes et impensés d’un manifeste patrimonial », Journal des Savants (documents), ID : 10.3406/jds.2020.6426


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The tumulus of Soings-en-Sologne (Loir-et-Cher, France) has a special place on the first list of French Historical Monuments drawn up in 1840. It is an exception because of its nature and chronology, but also because of the motivations behind and the conditions of its classification as a Historical Monument. This singularity finds its roots in the inquiry requested of the departmental Prefects by the Minister of the Interior, C. de Montalivet in 1837 : it aimed to complete the work of the Inspector of Historical Monuments and to draw up a list of monuments “ for which subsidies are requested”. In the department of the Loiret-Cher, this episode highlights a central personality, Louis de la Saussaye (1801-

Le tumulus de Soings-en-Sologne (Loir-et-Cher) occupe une place à part sur la première liste des Monuments historiques établie en 1840. S’il fait figure d’exception par sa nature et sa chronologie, il se distingue également du reste du corpus par un double caractère d’originalité qui tient aux motivations de son classement et aux conditions de son introduction. Cette singularité prend corps dans l’enquête ouverte en 1837 auprès des Préfets de départements par le ministre de l’Intérieur C. de Montalivet : elle vise à compléter le travail de l’inspecteur des Monuments historiques et à arrêter une liste de monuments «pour lesquels des secours sont demandés » . Dans le département de Loir-et-Cher, cet épisode met en lumière une personnalité centrale, Louis de la Saussaye (1801-1878), personnalité savante incontestée et fouilleur de Soings-en-Sologne. Dès 1838, ce dernier alerte la Commission des Monuments historiques sur les risques de destruction des «monuments gaulois » par la création du futur réseau routier. En 1840, le tumulus de Soings est le seul d’entre eux à intégrer la liste définitive, alors même qu’il était totalement absent des documents préparatoires. L’analyse minutieuse des archives de L. de la Saussaye et des rapports d’enquêtes préfectorales permet de restituer l’histoire chaotique de cette protection et de formuler une hypothèse d’attribution pour ce monument. En dépit de références confuses, la mention de 1840 renvoie selon toute vraisemblance à la «Butte du Chastellier » , fouillée en 1826 par L. de la Saussaye et détruite en 1864 par l’ouverture du Chemin agricole no 7 reliant Contres (Loir-et-Cher) à Aubignysur-Nère (Cher) dont l’aménagement avait été planifié près de trente ans plus tôt, sous la Monarchie de Juillet. Exclu des listes de révision des Monuments historiques (1862, 1875, 1887), le tumulus de Soings est finalement réintégré à la faveur de la promulgation de la loi du 31 décembre 1913 et du processus de régularisation qu’elle entraîne. In fine, son classement éclaire toute l’ambiguïté du cadre réglementaire défini dans le second tiers du xixe siècle et de son application aux vestiges archéologiques. Par contraste, cet exposé met ainsi en lumière l’inadaptation d’un dispositif de reconnaissance des Monuments historiques qui se détache nettement de la protection physique posée en principe par les lois de 1887 et 1913 et qui n’a pas permis de mettre un terme à des destructions irréversibles provoquées «par cause d’ignorance et de précipitation » , selon les propres mots de Guizot (1830). 1878), a nationally renowned scientist and excavator of Soings-en-Sologne. As early as 1838, La Saussaye alerts the Commission for Historical Monuments about the risks of destruction of “ Celtic monuments” by the creation of the future road network. In 1840, the tumulus of Soings was the only one to enter the final list of such sites, even though it was completely absent from the preparatory documents. The meticulous analysis of the archives of L. de la Saussaye and of the reports from the prefectural inquiries allows us to retrace the chaotic history of this protection and to formulate a new hypothesis for the identification of this monument. In spite of confused references, the mention of 1840 refers to the site of the “ Butte du Chastellier”, excavated in 1826 by L. de la Saussaye and destroyed in 1864 by the opening of the Rural Road No. 7 between Contres (Loir-et-Cher) and Aubignysur-Nère (Cher). This development had been planned almost thirty years earlier, under the “ July Monarchy”. Excluded from the revised lists of Historical Monuments (1862, 1875, 1887), the tumulus of Soings was finally reinstated by the promulgation of the law of December 31st, 1913 and the process of regularization that it entailed. Ultimately, its classification sheds light on the ambiguity of the regulatory framework defined in the second third of the 19th century and its application to archaeological remains. This paper highlights the inadequacy of a system for the recognition of Historical Monuments which is clearly detached from the physical protection afforded in principle by the laws of 1887 and 1913 and which did not prevent the irreversible destruction led “ par cause d’ignorance et de précipitation” (Guizot, 1830).

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