Écologie, démographie et conservation du Tetraplodon angustatus (Hedw.) Bruch et Schimp. en France

Résumé Fr En

Plusieurs populations de Tetraplodon angustatus ont été découvertes récemment dans les massifs volcaniques du Meygal et du Mézenc (Haute-Loire). Il s’agit actuellement des seules populations françaises de cette espèce, qui se trouve ici à la limite absolue vers le sud-ouest de son aire européenne. Cette espèce colonise exclusivement les laissées de renard déposées comme marquage sur des tapis de Racomitrium lanuginosum , dans des éboulis de gros blocs phonolithiques exposés majoritairement au nord. Un recensement exhaustif des colonies de Tetraplodon angustatus a permis de comptabiliser 254 cm² de gamétophyte, répartis dans trois sites et sur 25 laissées au total, parmi lesquelles seulement 7 colonies sont productrices de spores. Les effectifs semblent extrêmement faibles ce qui pourrait être préjudiciable au maintien de cette espèce cryophile sur le long terme, en particulier face aux effets des changements climatiques. La conservation de cette espèce exceptionnelle repose sur un subtil équilibre entre les éboulis froids des versants nord, la population de renards et ses proies et les Diptères responsables du transport de ses spores (entomochorie). Une extrême prudence s’impose donc, avec notamment des mesures drastiques visant à permettre l’expansion naturelle de la population de renards.

Several populations of Tetraplodon angustatus have recently been discovered in the volcanic massifs of Meygal and Mézenc (Haute-Loire). These are currently the only French populations of this species, which is found here at the absolute south-west limit of its European range. This species exclusively colonizes fox excrement deposited as marking on Racomitrium lanuginosum carpets, in scree of large phonolithic blocks exposed mainly to the north. An exhaustive census of the colonies of Tetraplodon angustatus made it possible to count 237 cm² of gametophyte, distributed in three sites and on 25 droppings in total, among which only 7 colonies producing spores. The numbers seem extremely low, which could be detrimental to the maintenance of this cryophile species in the long term, in particular in the face of the effects of climate change. The conservation of this exceptional species is based on a subtle balance between the cold scree of the northern slopes, the fox population and its prey and the Diptera responsible for transporting its spores (entomochory). Extreme caution is therefore required, including drastic measures to allow the natural expansion of the fox population.