1980
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Simone Dreyfus, « Notes sur la chefferie Taino d'Aiti : capacités productrices, ressources alimentaires, pouvoirs dans une société précolombienne de forêt tropicale », Journal de la société des américanistes, ID : 10.3406/jsa.1980.2195
Avançant le chiffre très élevé de 8 millions d'habitants (105 au km 2) dans l'île d'Aiti avant sa découverte par Christophe Colomb, les travaux de démographie historique de S. Cook et W. Borah ont été diversement appréciés par les historiens et les anthropologues. Certains ont récusé cette estimation étonnante en mettant en doute la validité des données de base ou en critiquant la méthode de calcul. D'autres (auxquels l'article s'efforce de répondre) ont affirmé l'incompatibilité d'une importante densité de population avec les moyens indigènes d'exploitation du milieu et l'organisation sociale taino. Une lecture attentive des auteurs du XVIe siècle ne conforte pas cette opinion et la fait apparaître comme un jugement de valeur ethnocentrique. La variété des techniques agricoles adaptées à la diversité régionale de l'île, le rendement élevé des tubercules cultivés, l'utilisation abondante et parfois sophistiquée de plantes sauvages, l'importance des ressources animales aquatiques sont les indices sûrs d'une grosse production alimentaire, rendue à la fois possible et nécessaire par une forte population. Le lien entre la production, l'organisation du travail et la structure politique est difficile à établir sur la base d'une information lacunaire.