2000
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Jacques Martini, « La grotte et le karst de Cango (Afrique du Sud) », Karstologia, ID : 10.3406/karst.2000.1751
L'auteur décrit une petite région karstique à l'extrémité sud du continent africain et s'attache surtout à sa grotte principale, Cango, qui constitue une attraction touristique majeure. Comparé aux autres régions d'Afrique Australe, ce karst est unique. Il est typiquement exogène, avec des grottes-pertes se formant là où les cours d'eau recoupent des bandes de calcaire précambrien très redressées. Ces grottes actives présentent des profils longitudinaux rectilignes avec de courts tronçons phréatiques. Les galeries plus larges que hautes se caractérisent par des plafonds plats souvent étagés en terrasses inversées. Cette morphologie particulière est caractéristique des grottes calquées sur le niveau hydrostatique ; elle est également attribuée à l'abondance des sédiments introduits par les pertes qui limitent le travail de la dissolution à la base du conduit. Cango est un réseau essentiellement fossile, recoupant un actif dans sa partie médiane, mais sa genèse est comparable à celle des grottes actives. Elle est pratiquement linéaire en plan et en section, avec une longueur de 2,6 km de l'entrée au fond pour un développement total de 5,2 km. Le creusement de la cavité est rapporté au Pleistocène d'après l'altitude relative de l'entrée, qui est comprise entre celle du talweg actuel et celle des reliques de la surface post-africaine I, dont l'érosion a commencé au Pliocène supérieur. Ce creusement relativement tardif contraste avec la spéléogenèse miocène généralement admise par les auteurs. La grotte de Cango est décorée par de belles concrétions, parmi lesquelles de nombreux disques, des stalagmites monocristallines et des gours à cristaux de calcite. Dans les salles les plus proches de l'entrée, les concrétions ont été profondément corrodées par l'action du guano de chauve souris, avec formation d'hydroxylapatite. Auparavant, cette corrosion avait été en grande partie attribuée à des dissolutions en relation avec des oscillations anciennes du niveau hydrostatique. La météorologie est discutée, en particulier la forte teneur en gaz carbonique qui indique que la grotte est mal ventilée, ce qui pose un problème pour son exploitation et sa conservation.