2016
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Philippe Audra et al., « L’impact méconnu des chauves-souris et du guano dans l’évolution morphologique tardive des cavernes », Karstologia (documents), ID : 10.3406/karst.2016.3103
Les chauves-souris sont considérées comme des occupants emblématiques des grottes. Les colonies, parfois de taille gigantesque, peuvent occuper les cavernes sur de très longues périodes. Ainsi, il se constitue des accumulations de guano dont le volume a favorisé l’exploitation des phosphates, à l’échelle artisanale voire industrielle. L’impact des chauves-souris est triple : leur respiration dégage du CO2, leur urine est corrosive, et la minéralisation du guano libère des acides (carbonique, nitrique, sulfurique, phosphorique). Ces substances agressives agissent sur la roche et les concrétions carbonatées, soit par corrosion directe du sol encaissant au contact du guano, soit par condensation-corrosion sur les parois et les plafonds. Bien que tardif dans l’histoire des cavités, l’impact spéléogénétique sur les parois est considérable et peut aller jusqu’à l’ablation de plusieurs mètres d’épaisseur de roche. La présence durable de colonies de chauves-souris est un facteur majeur de spéléogenèse tardive des cavernes, générant des morphologies spécifiques, des dépôts de phosphates conséquents, et un remaniement des parois allant d’un simple rabotage centimétrique jusqu’à des ablations métriques. Ces morphologies de corrosion, qui ont pu être confondues avec des ennoyages, sont probablement responsables de la disparition d’une bonne partie des oeuvres pariétales préhistoriques qui n’ont pu être préservées que dans des conditions bien spécifiques.