1999
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José-michel Moureaux, « L'Œdipe de Voltaire : un échec inexplicable ? », Kentron (documents), ID : 10.3406/kent.1999.1616
Si le vrai Voltaire est déjà dans Œdipe, si les contemporains ont assuré à cette tragédie le plus vif succès, c'est sans doute en raison d'une richesse de signification qu'attestent les différentes lectures qui en ont été successivement proposées : politiques (critique du pouvoir royal, portrait du souverain idéal), religieuses (refus moliniste de la prédestination mais aussi angoisse du Dieu terrible et cruel qui vous a voué au crime et réquisitoire contre son clergé). Comment expliquer par ailleurs l'absence totale d'unité de cette tragédie, énorme malfaçon dont l'auteur a convenu le premier sans jamais avoir pu ni même voulu y remédier ? Une lecture analytique permet en fait de découvrir au niveau qui est le sien l'unité réelle de la pièce et le sens de Philoctète amoureux de Jocaste inventé par Voltaire : au tribunal du père assassiné comparaissent tour à tour Philoctète et Œdipe, le premier pour un acquittement car il a su éviter par la fuite l'amour interdit et ne s'est jamais emparé du pouvoir du père, le second pour sa condamnation car il a fait exactement le contraire.