Rois et tyrans chez Nicolas de Damas

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Date

1991

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Ktèma

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Édith Parmentier-Morin, « Rois et tyrans chez Nicolas de Damas », Ktèma, ID : 10.3406/ktema.1991.2043


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Résumé En Fr

Kings and tyrans in Nicolaus Damascenus’ works. Nicolaus Damascenus’ political language shows how much this historian, writing in the 1st century, tries to give of any political power he describes a figure consonant with the hellenistic monarchy. In the first part of his Universal History, Assyrian and Persian subjects using the word δεσπότης lay stress on their profession of personal allegiance to the King ; in the opposite, βασιλεύς is reserved for objective narration. In the stories about Archaic Greece, the distinction between the alternative words βασιλεύς and τύραννος does not follow its classical meaning : for Nicolaus, everyone holding power with legitimacy and popularity is a βασιλεύς, while any unpopular king is called a τύραννος, even if he is not a usurper. By this political définition, the archaic βασιλεύς καταθύμιος becomes the hellenistic βασιλεύς ευεργέτης’ predecessor. The Βίος Καίσαρος keeps the same distinction, but the antithesis between άρχή and δυναστεία takes the place of βασιλεύς / τύραννος : αρχή means Caesar’s lawful power being handed over to Octavianus, while δυναστεία is used about conspirators and Antony’s lust for power. So, in spite of the dissimilar matters he is writing about, Nicolaus Damascenus carries on building a coherent system of language, in which the hellenistic βασιλεύς εύεργέτης is reflected back by the Persian monarchy, the Greek tyranny and the Roman principate.

L’étude du vocabulaire politique de Nicolas de Damas, qui rédigea au Ier siècle une Histoire universelle et une biographie d’Auguste, montre que cet auteur s’est toujours efforcé de donner du pouvoir politique une image conforme à l’idéologie des monarchies hellénistiques. Dans les récits de l'Histoire universelle qui se rapportent à l’Assyrie et à la Perse, l’emploi de δεσπότης dans la bouche des sujets du roi souligne des relations de domination personnelle directe que le souverain entretient avec eux, tandis que le terme βασιλεύς est réservé à des situations narratives où le récit se donne les apparences de l’objectivité. Dans les récits qui ont trait à la Grèce archaïque, l’alternance entre βασιλεύς et τύραννος ne suit ni les critères formels, ni les critères moraux adoptés par les historiens classiques : chez Nicolas de Damas, βασιλεύς désigne tous les souverains dont le pouvoir est légitimé par leur naissance et par leur popularité, quels que soient les moyens par lesquels ils sont montés sur le trône ; inversement, τύραννος désigne tous les chefs impopulaires, qu’ils soient ou non des usurpateurs. Cette définition strictement politique du roi archaïque aimé de son peuple (καταθύμιος) en fait le prédécesseur du roi bienfaiteur (ευεργέτης) de l’époque hellénistique. La Vie d’Auguste offre une autre illustration des préoccupations idéologiques de l’historien, qui écarte de son vocabulaire βασιλεύς et τύραννος — exclus du contexte romain où le principat prétend perpétuer les institutions républicaines — pour leur substituer l’antithèse entre αρχή et δυναστεία : αρχή, euphémisme du principat, désigne le pouvoir légitime qui se transmet de César à Octave par succession héréditaire, tandis que δυναστεία traduit la volonté illégitime de s’emparer de ce pouvoir (chez les conspirateurs des Ides de mars, tout d’abord, puis chez Antoine). Ainsi, malgré la diversité de son œuvre, Nicolas de Damas emploie un système lexical cohérent, qui transpose a posteriori l’image du βασιλεύς εύεργέτης sur la monarchie perse, la tyrannie grecque et le principat romain.

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