2017
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Philippe Torrens, « Le lexique de l’étonnement chez Appien. Quelques remarques », Ktèma (documents), ID : 10.3406/ktema.2017.1528
En tant que narrateur, Appien n’exprime guère d’étonnement (θαῦμα) et, quand il le fait, cela ne concerne pas des problèmes généraux, mais se limite à des situations particulières. En revanche, il attribue volontiers aux personnages et aux collectivités des étonnements admiratifs, suscités en particulier par des discours. Il emploie le terme παράδοξος pour qualifier des éléments incompréhensibles à première vue, mais que le détail de son récit éclaire ; c’est là un ressort du récit qui ne concerne jamais le narrateur. L’étonnement associé à l’épouvante, exprimé par κατάπληξις ou ἔκπληξις, joue un grand rôle dans les épisodes guerriers : les meilleurs stratèges oeuvrent à le créer chez les ennemis et les combattants expérimentés savent s’en préserver. Pour les phénomènes surnaturels, Appien n’innove guère et il se contente de les couler dans la logique de son récit sans leur accorder un rôle prépondérant. S’il ne laisse que peu de place au θαῦμα dans sa démarche d’historien de Rome, c’est parce que pour lui l’ascension de Rome est inscrite dans ses qualités fondamentales, qu’il définit dès sa Préface. Son récit illustre un schéma explicatif exposé dès le départ, ce qui laisse peu de place à l’interrogation du narrateur. En outre, ce schéma ne concerne que le passé et l’historien ne se projette sur aucun avenir.