1989
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Evelyne Sorlin, « Le «droit du seigneur» et les droits de la Jeunesse dans le folklore français et piémontais », Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, ID : 10.3406/mar.1989.1399
Une investigation des légendes historiques ayant trait à un exercice présumé du «droit du seigneur » (dans la région du Piémont en particulier ) dévoile — par delà le décalage entre pratique et croyance autorisant la formation de tels récits — une véritable obsession du cocuage. Une obsession que l'on trouve ritualisée en période de Carnaval, où trône la figure du cocu, transformée ici en son contraire et pendant inséparable, le seigneur, celui précisément qui use du droit de prémices sur les mariées dans les fêtes commémorant l'abolition de «son » droit. Dans ces fêtes, les Confréries de Jeunesse, patronnes du mariage, jouent évidemment un rôle central. Mais le fait que les redevances matrimoniales puissent être perçues indifféremment par les jeunes, la noblesse ou le clergé, nécessite du même coup la prise en compte, au moins à titre d'hypothèse, de l'existence d'un fossé idéologique ou écart de classes, qui puisse entraîner l'adhésion à l'existence réelle ou passée d'un tel «droit », puisque ce dernier n'est jamais imputé aux Confréries de Jeunesse.