1996
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Georges Gay, « Mines, forges et usines dans la vallée du Gier (Loire) : le patrimoine industriel comme palimpseste social », Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, ID : 10.3406/mar.1996.1609
La valeur du patrimoine industriel de la vallée du Gier, qui constitue l'aile orientale du bassin stéphanois, est moins fondée sur l'exemplarité et le spectaculaire que sur l'expression de logiques sociales qui ont été l'œuvre, durant deux siècles, d'aventure industrielle. L'article se propose d'appliquer ce point de vue à l'examen des témoignages matériels de celle-ci dans trois domaines techniques, la mine, la métallurgie et le textile, qui représentent la part la plus importante des activités qui se sont développées ici. Entre le milieu du XVIIIe et le milieu du XXe siècle, l'exploitation houillère a connu trois phases qui ont chacune laissé leur trace et dont la dernière a permis, par ses modalités particulières, la transmission du legs des époques antérieures. L'industrialisation née du charbon a composé avec les capacités d'adaptation des activités paléo-techniques, cultivées par un patronat qui affirme son indépendance dans une configuration de l'usine élaborée dans les anciennes installations hydrauliques et confirmée dans le modèle de la «forge en ville» de Rive-de-Gier. Celui-ci préfigure les «grandes usines» qui s'épanouissent en territoires industriels à considérer dans leur ensemble. Ce patrimoine très divers est donc le produit d'une constante réécriture sociale qui, tout autant que la désindustrialisation, est à l'origine de sa fragilité.