Trois notes sur les fondements du complexe de Primarette. Loups-garous cauchemars, prédations et graisses

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2002

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Résumé En Fr

Three notes on a belief complex : Primarette. Werewolves/nightmares, predators and fat. What we dubbed Primarette's complex of beliefs, emerging in Lower Dauphiné in the middle of the XVIIIth century, can be summarized as follows : Landlords ofglassworks order were-wolves, their agents, to recover fat (flesh)from children in order to make glass, sometimes with the complicity of clergymen. We will establish the neurocognitive foundations of these beliefs in werewolves. Then the related model of prédation on Man, his flesh, his blood, his fat, for such a strange «hunting», as locally and generally expressed. Obviously the local historical ingredient, prédation of fat in order to make glass, is a constitutive motif of the Primarette's complex. It will appear that lycanthropy (the louberou in dialect) is experienced during the same dissociated state of the brain as the nightmare (chauchevieille or Old Hag) : cataplexy can be observed together with sleep paralysis. This state of the brain is still experienced by subjects within the framework of a model met in shamanism, conceived as prédation on Human : passive in the nightmare, the body self being visited by an Other, a predator ; active in lycanthropy, the double of one's own body, as a predator visiting others. Finally the chauchevieille, demonized as a witch, has disappeared from Lower Dauphiné which had become anti-clerical ; while the «pro-landlord» louberou is still there. In spite of exciting connections discovered, via conquistadores, between European werewolves and Andean Nak'aq, Lik'isiri, etc., the prédation on Human is performed along two very différent ontological conceptions here and overseas : for Quechuas and Aymaras, fat is the soul of natural things, like the mountain, as it is for Humans ; for the Viennese of Primarette, human fat is also efficient on things, but this does not imply that the glass would own a soul of fat.

Le complexe de croyances bas-dauphinois que nous disons de Primarette (depuis 1747, cf. aussi Dionay en 1754) correspond au récit-type suivant : Des seigneurs-verriers envoient des loups-garous, leurs agents, récupérer la graisse (chair) des enfants pour la fabrication du verre, y compris avec la complicité du clergé. Nous établirons les fondements neurocognitifs — disons pour abréger, cérébraux -de cette croyance au loup-garou. Puis, en relation, le modèle de la prédation sur l'humain -sa chair, son sang, sa graisse — de telles «semblables chasses». Enfin, les éléments historiques locaux de la prédation de la graisse pour fournir au travail du verre du seigneur, motif qui caractérise le complexe de Primarette. Il s'avère que la lycanthropie (louberou) se produit au départ avec le même état dissocié du cerveau que le cauchemar (chauchevieille) : la cataplexie se rencontre avec la paralysie du sommeil. Cet état du cerveau est encore vécu par les sujets selon un modèle, de type chamanique, de prédation de l'humain : passive dans le cauchemar, le corps de Soi visité par un Autre prédateur ; et active en lycanthropie, le double du corps de Soi visiteur-prédateur des Autres. Finalement la chauchevieille, sorcière diabolisée, a disparu d'un Bas-Dau-phiné devenu anti-clérical ; est resté le louberou «pro-seigneurial». Malgré les connexions troublantes trouvées, via les conquistadores, entre le loup-garou d'Europe et les différents Nak'aq, Lik'isiri, de l'Amérique andine, la prédation sur l'humain s'exerce ici et là-bas selon deux conceptions ontologiquement différentes : pour le Quechua et l'Aymara, la graisse est l'âme des choses naturelles, de la montagne, comme elle l'est des humains ; pour le Viennois de Primarette, la graisse humaine opère aussi sur les choses, mais sans que le verre en vienne à posséder une âme dégraissé.

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