2002
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Daniel Bernard, « Charmeurs et meneurs de loups, d'hier à aujourd'hui », Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, ID : 10.3406/mar.2002.1768
Entretenant des relations privilégiées avec le loup, des personnages ambivalents le maîtrisent et le contrôlent : le montreur de loups, le passeu d'ioups qui leur fait franchir une rivière, le sarreu d'ioups qui les cache, le loûtier et le meneur de loup dont les pratiques touchent à la sorcellerie. Souvent vénérés comme protecteurs de troupeaux, de nombreux saints furent associés au loup dans une situation ambiguë mêlant asservissement et protection de l'animal. Des légendes hagiographiques évoquent le pouvoir de certains saints sur le fauve : ils dominent celui qui symbolise les ennemis de la foi. Si au fil des temps, le loup fut magiquement contrôlé («charmé»), dans un contexte plus contemporain où il avait disparu, certains s'identifient à ce fauve et deviennent de véritables amis du loup. A une époque où. le rapport entre le sauvage et le domestiqué a évolué, ces personnes font souvent encore figures de marginaux. Ainsi charmer et mener le loup, puis dominer et aimer le fauve peuvent résumer cette relation entre les deux plus grands prédateurs que sont l'homme et le loup, deux dominants qui de tout temps ont été en opposition et en lutte constante. Tous ces aspects sont illustrés par des documents provenant principalement de régions du Centre de la France, à partir de sources écrites et d'enquêtes directes.