2002
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Marc Mallen, « Impact du loup sur les bergers salariés des Alpes du Sud », Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, ID : 10.3406/mar.2002.1773
Tout comme les bergers-éleveurs, les bergers salariés ont été immédiatement en première ligne dès l'arrivée du loup dans les alpages des Alpes du Sud Mais contrairement aux éleveurs qui se sont placés comme victimes du prédateur, ces bergers ont tenté de trouver une ligne médiane qui consistait à ne pas s'inscrire dans la polémique et au contraire, de saisir l'opportunité de la prédation pour faire valoir leurs compétences, leurs connaissances et leur sens des responsabilités dans leur travail de tous les jours avec un troupeau et un alpage. L'affichage de ce professionnalisme s'adressait aussi bien aux éleveurs qu'aux gestionnaires de l'espace — parcs régionaux et nationaux — le but étant de faire reconnaître un métier qui souffre d'une image encore galvaudée et qui pourtant, détient en son sein des hommes et des femmes riches d'une passion, d'un savoir et de connaissances certaines. Les bergers ont crée un paradoxe utile pour se distinguer des éleveurs ; ils expriment ainsi le désir de ne plus rester dans l'ombre de ceux qui étaient sensés être les détenteurs du savoir de l'alpage et du troupeau. Mais pour faire adhérer l'ensemble des bergers salariés à cette position paradoxale, certains d'entre eux ont dû impulser une dynamique collective forte et structurée. Le renouveau d'une association de bergers dans les Alpes du Sud a permis à ceux-ci de débattre officiellement, de partager leurs expériences et leurs appréhensions quant au loup mais également de réfléchir en commun sur des problèmes de salaire et de statut, mais aussi de formation et de représentativité auprès des instances agricoles et environnementales. Ces soucis dépassent le cadre strict des Alpes du Sud et concernent l'ensemble de la profession, mais les cultures pastorales diffèrent entre massif et la position commune n'est pas encore trouvée... sachant que le loup ne va pas faciliter le débat.