Marcel Boulin, refondateur du Musée Dauphinois

Résumé En Fr

Marcel Boulin, the new founder of the Musée Dauphinois. If one agrees that anthropological muséums — and more especially regional museums which explore a territory in all its aspects and present it from a pluridisciplinary point of view -have a structuring function in the history of anthropology, then Marcel Boulin (1919-83) certainly has a central place in the museums of the region of the Alps of Dauphiné. Owing to his very short stay in Grenoble (1966-69), to his very few publications due to very unfortunate circumstances in his life, and to his modesty, the rôle he played in the revival of the Musée Dauphinois has been forgotten. Before him, this museum had only collections, but no human resources, no budget and only inappropriate buildings. (It is Marcel Boulin who directed both the moving of the museum to the convent of Sainte-Marie-d'en-Haut and the retrospective inventory of its collections). Marcel Boulin, a former worker of «the ATP », was the spiritual son of Marcel Maget and Georges Henri Rivière to whom he often made reference. Of the former he had the rigorous methods -he was himself a remarkable researcher from 1943 to 1955 and worked within the framework of the surveys initiated by the MNATP (fieldwork for the inventory and study of regional furniture, domestic objects, and crafts metallurgy in the Alps and in his native region of Saint-Etienne. Of the latter he had inherited the sober elegant and efficacious museographic expression based on the beauty of the masterpiece as well as on the suggestive power of the ordinary object. Boulin is a founder in that he has given strong new bases to the museum and enabled his successors to make it into an innovative institution in matters of temporary exhibitions and scenography and the head of the exemplary national cultural heritage network that is today the Conservatoire du Patrimoine of the département of Isère.

Si l'on veut bien reconnaître aux musées d'anthropologie — et particulièrement aux musées régionaux, qui explorent un territoire en tous sens et en rendent compte d'une manière pluridisciplinaire — une fonction structurante dans l'histoire de l'anthropologie, Marcel Boulin (1919-83) occupe certainement une place essentielle en ce qui concerne les Alpes dauphinoises. La rapidité de son passage à Grenoble (1966-69), le très faible nombre de ses publications dû aux circonstances constamment malchanceuses de son existence, sa modestie ont fait oublier le rôle qu'il a joué dans la renaissance d'un Musée Dauphinois dont seules les collections, avant lui, existaient, mais qui ne disposait d'aucun personnel, d'aucun budget, et de locaux qu'inadaptés (c'est lui qui conduisit l'installation dans le couvent de Sainte-Marie d'En Haut, et qui dirigea l'inventaire rétrospectif des collections). Marcel Boulin, ancien «des ATP», était un fils spirituel de Marcel Maget et de Georges Henri Rivière, auxquels il faisait souvent référence. Du premier, il avait gardé la rigueur de la méthode -il avait été lui-même, de 1943 à 1955 un remarquable chercheur, dans le cadre des enquêtes initiées par le MNATP (chantiers d'inventaire et d'étude du mobilier traditionnel et des objets domestiques, ainsi que de l'artisanat métallurgique dans les Alpes et dans sa région d'origine, celle de Saint-Etienne. Du second, il avait appris une expression muséographique dépouillée, élégante, efficace, sachant s'appuyer aussi bien sur la beauté du chef-d'œuvre d'art populaire que sur la puissance d'évocation du banal objet quotidien. Fondateur, Boulin l'a été par la solidité des nouvelles bases qu'il a données au musée, qui ont ensuite permis à ses successeurs d'en faire sans peine un établissement innovant en matière d'expositions temporaires et de scénographie, et la tête de l'exemplaire réseau patrimonial territorial qu'est aujourd'hui la Conservation du Patrimoine de l'Isère.