2004
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Dans l'immeuble quelle l'occupe à Grenoble, de septembre 1943 à avril 1944, la Gestapo aménage sommairement des cellules où sont détenus celles et ceux qu'elle arrête. Porteurs de faux papiers, trafiquants du «marché noir», réfractaires au STO (Service du travail obligatoire), détenteurs d'armes à feu, déserteurs, résistants, maquisards, simples suspects et même indicateurs séjournent là, le temps des interrogatoires, des tortures et des enquêtes. Retrouvées des décennies plus tard et désormais conservées au Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère, trois des portes de ces cellules livrent leurs nombreux graffiti. Inscrits en situation de détresse, ces épigraphes marquent l'identité, comptent les jours, rappellent, en prévision d'une déportation probable, des mots usuels de la langue allemande ou témoignent pour soi-même et pour les autres. En autant de tentatives de résister au désespoir, de rester vivant, c'est-à-dire humain, ils témoignent d'une époque trouble, où l'idéologie nazie, en suscitant la délation, met à jour l'abjection et la haine mais suscite aussi des comportements héroïques. Les causes d'arrestation des noms identifiés suffisent à représenter, dans toute la diversité de ses composantes, la Résistance et son contexte. A l'évidence, ces graffiti constituent, à Grenoble, la documentation la plus éclairante et la plus poignante qui soit de la terrible période de l'occupation allemande.